Les filles par centaines hurlaient, les gencives saignées par l'excitation et l'hilarité




Gycer, quartier Colombie: Il faut que j'expurge, que je dise que les bords de la piscine était un vent coton. Je me suis déshabillé avec les autres types... J'avais honte comme un enfant qui a chié dans son benne et qui tente de camoufler l'odeur en courant en tous sens. J'avais le nom de Newcastle qui roulait en boucle du cerveau gauche au cerveau droit... A poil, je grelottais, les guibolles belettes percluses de chair de poule, le torse rentré, les couilles chouquettes... Des dizaines de filles dans les estrades nous regardaient en silence, tassées sur les gradins en béton... Elles mégotaient un peu, jouant de leur langue comme des vulgos chanteur de heavy metal... J'avais les orteils accrochés, serres d'aigle mouillé sur le bord du bassin. L'eau puait le chlore mélangé à la boue infecte mollardée par la croûte terrestre à la suite du déluge taré d'un cyclone foireux venu des tropiques.
"Paradizzzz, quelques garanties pour une place dans l'show-bizzzz"...
Il a fallu se contracter une ultime fois avant de se glisser dans la flotte glaciale du grand bassin. Quelques cheveux, la vague sensation des nébuleuses de pisse lâchées par les nageurs précédents... Je restai accroché au bord, mais d'autres hommes à poils, grelots de couilles pendouillant passaient dessus moi comme des milliers de lanternes de chair veineuse avant de se jeter dans la baille. Minute après minute, je sentais des épaules gélatineuses et glissantes, des pattes poilues et pleines de tibias s'emmêler contre mes membres gesticulant. Gelé, j'étais dans le premier bain bambin, la face à peine maintenue à la surface de l'eau par l'énergie du désespoir. Nous finîmes par être les uns entassés sur les autres, recevant les corps de nouveaux arrivants sur la gueule... Les filles par centaines hurlaient, les gencives saignées par l'excitation et l'hilarité... Bordel, un gros orteil dans l’œil, une paire de testicules sur le front, je finis par fermer les yeux avant de me laisser aspirer par le fond de la piscine... Noyé dans ce jus de corps d'hommes par centaines...

Léonel Houssam

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