Dans une baraque criblée de caméras et d'abrutis d'une connerie abyssale.Chronique du quotidien pathétique



Chronique du quotidien pathétique: mon job de gardien d'une prison désaffectée n'a duré que six mois. Ils ont finalement obtenu le budget pour sa destruction complète. Je cherchais donc un nouveau moyen de subvenir à mes besoins. L'année 2005 précédait encore de peu le réchauffement climatique si bien qu'il me restait encore un crachat de joie en moi. Comme tout occidental de moins de quarante ans qui se respectait, je galérais pour bosser. Mes écrits n'intéressaient personne et mes différents jobs passés donnaient un air d'inconstance à mon CV. Un soir de picole à Paris, j'ai rencontré un directeur de casting dans un bar de Belleville. J'ai déballé ma vie de merde en me croyant passionnant comme tout bon mec défoncé à l'alcool, et c'est alors qu'il m'a dit que je l'intéressais. Trois mois plus tard, pour une rémunération mensuelle de 4000 €, logé, nourri, je participais à une émission de télé réalité au Mexique. Comme tous les autres participants, j'avais un secret qu'il ne fallait pas qu'ils découvrent. Le mien était simplement que j'étais le frère de Duno, leader d'un groupe électro-punk très connu dans les années 90. Cerise sur le gâteau, mon frère s'est suicidé en 1999. Bref. Sitôt passé le moment des paillettes et de la foule de jeunes débiles en plateau télé, je me suis retrouvé dans une baraque criblée de caméras et d'abrutis d'une connerie abyssale... L'enfer. Heureusement la production fournissait alcool et drogue à gogo... On appelait tout ça "l'aventure". J'étais à fond, tellement qu'une nuit j'ai sauté sur une de ces filles aux airs de putes qui constituaient l'arsenal féminin de notre bagne de luxe. Elle s'est laissée faire pour le buzz, sous les draps. En fait, on n'a vraiment rien fait. Elle était dégueulasse avec ses nichons siliconés et son haleine d'ail... Mais ça buzza dans les magazines People mexicains... Six jours après mon entrée, j'étais viré de la maison par les autres participants. J'étais heureux et complètement défoncé... Et presque riche pour les deux semaines à venir.

Léonel Houssam

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