Dégoupiller une grenade dans un gymnase. Chronique du quotidien pathétique.





Chronique du quotidien pathétique : Tout le monde avait le droit à sa chance au foyer. Karim, Julien, Marie ou Bruno. Je me sentais un peu à part, balancé là par un juge ignorant de ma souffrance. J’avais effectivement dégoupillé une grenade dans un gymnase. Mais celle-ci avait été mise à ma disposition par l’imprévoyance de mon oncle, ce grand collectionneur d’objets de la Seconde Guerre Mondiale. Bien sûr, il avait une réelle prédisposition pour les nazis qui –même s’il s’en défendait publiquement- représentaient le summum de la réussite… J’avais lâché la grenade dans le tas, des joueurs pleins de sueur de 15 ans à peine qui n’étaient autres que mes camarades de classe, des connards prétentieux qui m’avaient humilié tout au long de l’année. La succession d’insultes, de coups de coudes et de poings mais aussi les dénonciations et les menaces de mort m’avaient mis dans tous mes états…
Je suis allé dans la « pièce interdite » de tonton. Je savais ce que j’allais y trouver. Des casques allemands, des armes, des cartes postales d’époque, des vêtements de waffen-ss. Il avait des armes inopérantes mais aussi certaines encore en parfait état de marche. J’optai pour la grenade en me disant qu’elle ferait de gros dégâts. Je l’ai dégoupillée et je l’ai jetée. Ça s’est mis à hurler et à courir en tous sens… Mais au lieu de faucher deux trois corps, la grenade fit un bruit énorme de pétard… en abîmant à peine le revêtement de la salle de sport…
Le juge fut indulgent… Un an d’enfermement avec des éducs tous plus galériens les uns que les autres… Je le raconterai peut-être un jour ce séjour dans ce camp de rééducation pour mineurs.


Léonel Houssam

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