J’appelais ça de la haine



Je devais prendre le temps de la réflexion pour ne pas me désagréger, pour ne pas piller, ravager, détruire. Peut-être que j’aurais simplement du attaquer, tendre des pièges, sortir de la torpeur de cette maison pleine d’eaux, d’humeurs, de haines… J’appelais ça de la haine alors. Tout craquelait, l’air climatisé à la fumée de cheminé, les radiateurs électriques mis à fond en hiver qui n’empêchaient pas les taches de mouille énormes sur le papier-peint honteux choisi par l’oncle et ses démons. D’une main ferme, la rage m’extirpa des sables mouvants qu’était le quotidien. Ma tête apparue hors de la masse visqueuse, lourde, puis mes épaules, mes bras frêles, le tronc maigre de ma silhouette strié par les courbes parallèles de mes côtes… « On ne tue pas impunément. On doit payer sa dette. On ne peut pas commettre des crimes, des délits sans rendre des comptes à la société ». La cime ronde de la colline du Maroc sectionnait la lumière du soleil couchant, l’empêchant de s’écouler au fond de la plaine.

Léonel Houssam

Commentaires

Articles les plus consultés