Je transpire déjà de la raie du cul. Je prends une gorgée de sky - Chronique du quotidien pathétique



Chronique du quotidien pathétique (lire jusqu'au bout hein): Nous avons reçu une déclaration de guerre du clan örgTurk mais nous restons confiants. Ces sales races n'ont pas le dixième de nos capacités. On est armés par les meilleurs, avec des UrTor VESSIN à carapaces d'acier. Martial me contacte: "Ils sont en embuscade. On devrait faire gaffe. C'est trop facile cette histoire. 
- Tiens, tu te chies dans le benne ou quoi?
- Non mais on pourrait perdre tous les bénéfices des 33 victoires d'affilé. 
- T'inquiète, on va leur niquer leurs faces.
- J'espère que t'as raison". 
Je raccroche, vais me servir un whisky avec de la crème de cassis dedans, histoire de plomber le goût de l'alcool. ça panique. Je lis les messages qui déferlent:
"Donnez-moi des poils les gars. J'ai plus rien. 
- T'es ouf, démerde-toi". 
ça chauffe. Les mecs perdent un peu leur sang-froid. La ville est sous son drap de brume glaciale. Il est minuit passé. Des mecs bourrés braillent dans la rue. Ils se balancent des briques à la gueule. L'un d'eux dit qu'il va s'arracher une jambe pour ne pas pleurer. Je ne comprends pas. On est tous prêts. ça va débuter dans quelques minutes. J'avale mon sky-liqueur cul-sec pour m'en préparer un autre puis lacer mes rangers. 
Ils continuent à gueuler. Les notifs n'arrêtent plus. "J'vais pas me laisser bouffer par ces bouffons!
- Donne-moi des munitions, putain! J'ai plus que des merdes pour la tour! Il m'en faut pour les combats sur le boulevard.
- T'es un tachiasse eh couillon!
- Y'a que des agrumes comme toi pour parler comme ça.
- J'en veux s'te plait".
Salut, bye, je dois me tenir prêt, goodbye, des yeux dans les yeux je dois me tenir prêt, salut, bye, des bouts d'bois entre les dents, je suis prêt, salut, bye, j'me casse, je suis prêt, je cale bien mon cul dans le siège, prêt, ready, les pouces prêts, salut bye, pas broyer du noir, et "needer" de force, à chercher dans l'trou, les tuyaux:
"Salut, bye les mecs, CODE 33, rappel gauche, on se tient prêts. 
- Ils sont dans la ligne de mire, ça bouillonne, y'a des boules de feu partout. 
- Ils nous canardent de fumigènes. Vous laissez pas distraire. Avancez. Salut bye, j'suis prêt. CODE 55, c'est parti! On ne tire pas. Pierrot t'es là?
- J'y suis, on va leur saccager l'cul et on violera tous leurs cons mouillasses! J'ai récupéré un putain de OLGA TT4, ça va leur faire tout drôle. 
- Spéciale dédi à tous les blaireaux! Salut Bye, Ok Pierrot, t'es l'meilleur"
Je transpire déjà de la raie du cul. Je prends une gorgée de sky qui me brûle immédiatement la gorge profonde. J'allume une clope. J'ai aussi des crampes dans les doigts. Dedans l'slip, y'a l'bide qui molasse sur mon chibre en pleine forme. Salut, prêt, bye, j'ai tout en main. Je m'aperçois cependant qu'on n'y voit toujours rien. Avec un subterfuge nouveau, ils sont parvenus à éteindre tous les lampadaires. ça gueule. Les notifs dévalent en cascade sous mes yeux. Les mecs sont en panique:
"Recule toi AJUN SUBLIME! Barre-toi d'la! Merde! Il est dead!
- Ils l'ont dézingué. C'est pas bon, pas bon!
- C'est mort"
ça tire dans tous les sens. Les murs craquent, suent, se laissent aller sur mon arcade sourcilière. J'ai beau hurler, m'éreinter les doigts, ça ne marche pas. Ils envoient leur RIXILOR 120 pour nous réduire en bouillie. Je vois la silhouette de Pierrot se faire déchiqueter par un putain d'obus de 80. Les notifs se raréfient tandis que le boss des örgTurk me balance un message en arabe que je fais traduire immédiatement par le Translate-bot: "Petite pédale de BLANC CRADE, tu vis tes derniers instants! On t'avait prévenu! Tu ris avec tes crocs depuis des semaines! T'es venu dans le piège. Tous tes hommes sont morts ou faits prisonniers! Je te les rendrai sans la tête! On décapite les enculés comme vous! Allah est grand mec, et ta teub est pleine de prépuce". 
La merde. Tiens. Salut. Bye. Je parviens à emprunter un Couloir LEVIS 4 qui me permet de m'extirper de la bataille. J'ai mal au bide. J'ai des larmes aux yeux. Toutes les communications avec les autres sont arrêtées. Ils sont tous morts. Mon téléphone sonne. Je sursaute. Je retire mon casque et je rabats l'écran du portable:

"C'est Jacques. Tu vas bien?
- Non. Sérieux, c'est pas le moment. 
- Je sais. J'ai vu. Vous vous êtes faits dérouiller. Tout ton clan est au clou, les bidoches cramées. 
- Exact. 
- Tu remonteras la pente Léonel. C'est pas la première fois. 
- C'est dur à chaque fois tu sais. 
- Oui mais tu n'as pas le choix. Il faut se relever. Les örgTurks méritent de subir la foudre de ta vengeance. 
- Je sais pas Jacques. Je crois que je vais arrêter tout ça. 
- Non t'es barge ou quoi? Autant te tuer que de te faire choper par le cancer du réel!
- J'hésite, tu as peut-être raison, mais j'ai franchement envie d'arrêter les jeux en réseau...
- Fais pas ça". 
Je raccroche. Me lève péniblement de mon fauteuil de bureau pour aller me servir un nouveau sky. Demain sera un autre jour. J'ai besoin d'une pause. J'allume les écrans de mes deux PC pour me plonger corps et âme dans ce hammam 3D fraîchement livré par les studios ADDICT... La vie rituelle de mon existence virtuelle me soulage... tellement. A la télé, ils parlent d'un attentat en Turquie. Les images sont nazes, mal réalisées. ça pue le navet. Je zappe de la chaîne toute info à la plus prometteuse "Nolife". Salut, bye.


Léonel Houssam

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