Écrivain cherche éditeur pour mourir à feu doux.




Des mois que ça dure, des mois sans fin, sans issue, sans perspective pour un manuscrit. Les éditeurs, quelque soit leur taille ne veulent pas de mes écrits. Rien ne passe. Ma mauvaise réputation? Mon écriture sans concession ? Rien. Je suis littéralement saboté psychiquement. Des mois qui vont faire bientôt une année, et cette année risque fort de devenir des années… Ils sont pas mal à répondre qu’ils trouvent vraiment mes écrits très forts, plein de fulgurances… Mais ils n’en veulent pas. On n’édite quoi dans ce putain de pays ? Je ne veux pas qu’on m’adule, je ne veux pas être une star, je veux publier ce manuscrit parce que j’ai besoin de prévenir tout le monde. Il faut que tous ceux qui liront ce texte ne restent plus les bras tombants à ruminer un présent qui est englouti par la catastrophe en cours. On ne veut pas l’entendre, et on ne veut pas lire la violence, la véritable, pas celle que l’on habille pour que « ça passe » auprès des plan plans de lecteurs réguliers. Personne n’ose plus me publier alors que, je le répète, je suis rentable. Tous ceux qui m’ont édité par le passé ont tous gagné du fric avec moi, jamais de déficit sur mes livres… Et même ça, ça ne passe pas. J’en viens à croire que les éditeurs sont des gros cons, des lâches, de pathétiques vendeurs de littérature-loisir. Ce monde est fait de petites personnes bien installées qui matent le monde avec leur vision petits-bourgeois. Je suis vindicatif, je suis terre brûlée. Qu’est-ce que l’on doit faire ? Je sais, oui je le sais : il faut être mort. Les écrivains comme moi, ça vaut quand c’est mort, quand ça ne risque plus d’ouvrir sa gueule. Les écrivains comme moi, pour le temps présent, ça n’existe pas, et ça n’existera jamais. « Votre manuscrit ne correspond pas à notre ligne éditoriale », « désolé, nous avons des parutions prévues jusqu’en 2045 », « Malgré votre talent indéniable, ça ne pourra pas correspondre aux attentes de nos lecteurs »… « Message non lu ». « Si vous désirez récupérer votre manuscrit, vous êtes prié de nous envoyer une enveloppe franchisée au tarif de 4000$ », « Nous n’avons pas pris le temps de lire votre manuscrit, mais nous avons pris le temps de vous inscrire sans votre approbation à notre newsletter », « Pas eu le temps de lire désolé, overbooké, oui je sais ça fait 38 ans que tu m’as envoyé ton manuscrit », « écrire trop dure, scénario pas assez solide, personnages qui pourraient choqués », « essayez de mettre un peu d’eau dans votre vin ». « C’est vif, puissant, sans doute trop. Les gens ne sont pas prêts à lire ça »….

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