J’avais l’impression de voir un chien mort.




Son cœur lâcha en pleine nuit, dans la cuisine. Jacques et moi avions laborieusement retourné son corps qui gisait sur le carrelage froid. Elle avait toute la partie droite déformée et défoncée. Les os de son crâne et ses dents s’étaient brisés. Elle avait sectionné le bout de sa langue en frappant le sol. J’avais l’impression de voir un chien mort. Nous l’avions supporté ivre durant les mois qui avaient suivis la disparition du père. Son cadavre pitoyable, puant, nous fit sourire. Bêtement je pensai que nous allions être libres chez nous et vivre comme bon nous plairait. Je lui fis un câlin à même le sol pendant que Jacques téléphonait aux pompiers. Je ne bougeai plus de là jusqu’à ce qu’ils arrivent et m’arrachent les bras fermement enserrés à sa taille. 

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