Des « paradis » fiscaux ressemblant à l’enfer « pour les autres »



L’armée a débarqué dans le bureau du PDG en pleine réunion du conseil d’administration. Toutes les personnes présentes ont été embarquées, visages marqués par la peur et la surprise. Sans ménagement, elles ont toutes été transportées dans des estafettes kakis et déposées dans le centre de détention fraîchement ravalé par la Confédération. Dans les pleurs et les cris de ces dirigeants de l’une des banques désormais estampillées comme criminelle, Monsieur Argoat, Président Directeur Général tentait de garder une certaine prestance. Assis sur le banc le plus proche de la porte d’entrée de la cellule collective de soixante-mètres carré, il arborait un costume noir taillé sur mesure, des chaussures en cuir de fabrication italienne, des boutons de manchette en or, une montre or et platine issue de l’horlogerie suisse, une cravate couleur or d’une classe et d’une sobriété rares. Un seul militaire était parqué à l’entrée, au garde-à-vous. Ce type de voyous déclenchait des ouragans juridiques pour tenter de sortir du piège plutôt que d’user d’une lime pour scier des barreaux. Leurs armées d’avocats faisaient pourtant pâle figure face aux militaires de la Confédération.
Les temps avaient changé.
Ces ex-élites qui avaient manifestement eu à cœur de prendre l’argent public, celui de tous les citoyens du pays, afin de remplir un peu plus leurs portefeuilles, pire, qui avaient caché cet argent dans des « paradis » fiscaux ressemblant à l’enfer « pour les autres ». Ce conseil d’administration était constitué de douze hommes et de deux femmes. La peur qu’ils ressentaient était amplifiée par le fait qu’ils avaient déjà été condamnés à la prison à vie quelques semaines plus tôt. Considérant les juges et la justice de la Confédération comme un conglomérat « communiste et illégal », ils n’avaient pas daigné se présenter au Tribunal, envoyant simplement un émissaire, en l’occurrence un avocat d’affaires de seconde zone, afin de signifier à la cour de Justice qu’elle n’avait ni les compétences ni la reconnaissance pour juger « des hommes et des femmes qui ont permis le développement économique du pays comme jamais dans l’Histoire ». Cette bafouille terminée, ledit avocat avait récupéré sa mallette à moitié vide et s’en était allé toucher le dernier quart de ses honoraires…
Extrait de « Radicalisation », récit en cours d’écriture.

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