Les cahiers de mon frère mort, bientôt disponible gratuitement




Au milieu des années 2000, je commençais la retranscription des cahiers de mon frère mort : DUNO. Leader d’un groupe célèbre de la fin des années 80 à la fin des années 90, il disparut brutalement. J’ai su qu’il était mon frère au début des années 2000 seulement dans des circonstances scabreuses et douloureuses à vivre. Les textes sont à la mesure de ce chanteur sans limite, ce jeune homme névrosé, insoumis et sans concession. Je vais bientôt rendre gratuitement disponibles tous ces textes au format eBook – téléchargeable dans toutes les librairies en ligne (Amazon, Fnac, Kobo, Chapitre, etc.) en France et dans le monde pour liseuses, ordinateurs, tablettes, smartphone- et je les diffuserai à intervalle régulier sous forme de tomes courts (25-30 pages maximum). A paraître fin 2016, début 2017. 
Extrait :
« "J'me présente pas. J’te parle pas."
Il se déhanche comme un dingue en marchant. Il se la joue, rejoue le film pourri qu'il a regardé hier soir. Il s'est inventé une face et s'est laissé entraîné par ses putains d'illusions. La route est devant lui, qui s'étend, boueuse, flasque, et lui qui s'avance fièrement, vêtu de blanc. L'image pue mais elle raconte bien ce qu'il est, du haut de ses 30 ans.
"Face de flanc. Eh! L'agrume, viens là que j'te presse....". Il riait comme un con. Il avait les manières d'un hooligan, mais il ne cessait de répéter qu'il était "classe". "Ah, j'ai trop la classe! Je suis cool comme mec! Regarde les fringues!". Il saturait son apparence avec des fringues de marque: Gucci, Armani, Fonzi! Lol. Son clan était son corps. Son chef était son cerveau. Il faisait rire ses collègues taulards de la "zonzon-seconde-maison". Pourtant, contrairement à ses coreligionnaires, il ne se vantait jamais de ses séjours bourrage-de-queues et de crânes. Il zappait. Sortait. Se fringuait. Et recommençait à vivre. Vendre des choses. Abîmer des cons au passage.
Stop. Il s'appelait Cave. Il vivait dans une cave lorsqu'il avait 16 ans. Ses potes l'avaient appelé ainsi, rapport à ça. Snif. Dure destinée. Il butait franco des mecs au hasard. Ensuite, il les toisait prestement, quand ils gémissaient au sol. "Alors, prête moi des tunes! J'te les rendrai en 2070 promis". Il riait. S'amusait. Il n'avait pas ta gueule, ni ta vie. Il avait du désir à gogo, des envies de bastonnades sans fin... Sa force résidait dans sa capacité à n'avoir peur de rien.
Sur scène, il toisait le public. "Alors les connards! On craque? On flippe? On a peur de Duno?". Il sautait en tous sens. Frappait les mecs les plus nerveux accrochés au devant de la scène. La scène. Sa vie la scène. La chienne de scène avec tous ces bouffons hurlants devant.
Il transpirait en loge. "Putain! Pas de maquilleuses! J'ai fait ça pour baiser des maquilleuses!" Il se sentait classe. "Ouais classe!".

Alors il se défoulait. Parfois, il pétait les plombs. Parfois il forçait des femmes... Et des hommes... Des fans. Exclusivement des fans.
Cave ne riait jamais de ça. Les autres membres de Duno se faisaient dessus. Ils avaient si peur d'y passer. Cave, c'était le charisme, la force et le danger absolu. On ne pouvait que plier l'échine devant lui... Seuls les flics lui mettaient la pâté... par la force des choses.
La flipe. La Force. Le flanc. Le filament de sang tiraillé par l'apesanteur. De commissure. De lèvres. D'envie de choir à cause du chaos. La force. Le bruit. La chair flasque. Les yeux qui roulent. Les os qui craquent... Comme une branche brisée...
Le choc. Le chic. Et chaque crise qui succède à l'euphorie enterre la vie et le bonheur, l'envie de bonheur... Substitut. A chaque claque. Recommencer.
Il se ruait sur la scène comme un combattant, un guerrier qui jaillissait de sa tranchée. Sa force, sa voix, ses textes aussi:
Cale toi
Enfile toi
Reconnais toi
J'accuse le coup porté sur ton cul
Mon cum qui coule sur tes tits tendus!
J'raccomode ton hole en fût
Ma baby t'affole pas j'suis foutu"
Le public n'écoutait pas assez les paroles. Les fans, les partisans, c'est ainsi. ça adore, ça pense comme leur idole, mais quand l'idole chie ses pensées sur eux, que l'âme se mue en actes, alors ils ne comprennent plus rien »

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