Notre République



La rue des Moires est fermée de chaque côté par des barricades de troncs d'arbres coupés dans le parc séculaire du centre de la ville. La pluie bat le bitume, des silhouettes de jeunes hommes torses nus, en pantalons de treillis, casquettes américaines et kalashnikov en bandoulières. Des filles en ombres chinoises qui attendent adossées aux murs de briques des maisons mitoyennes de style coron. Quelques vieillards avachis sur des chaises installées sur les deux trottoirs. Détritus, carcasses de voitures, haies de lauriers, d'arbustes, de roseaux ravagés par le manque d'eau, les balles perdues, les ponctions destinées au feu de bois pour la cuisson. On sent la poudre, le mauvais café, les ordures pourrissant, les égouts... Bertrand tire sur sa clope après avoir pissé sur le pare-chocs de la carcasse carbonisée de l'Audi break. Il ne prête pas attention aux suppliques de cette jeune femme qu'il vient de baiser sans ménagement dans le couloir de la maison de l'ancienne maire.

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