Un effet stroboscope qui lui rappelle ses nuits hardcore




Dans les lunettes à vision nocturne volées à l'ennemi deux jours plus tôt, il fixe ce soldat posté derrière le check-point. Son visage blanc-vert, ses yeux comme des billes de lumière,... Il place son front au centre du viseur. Le tir est sec, sexe acier explosant la boîte crânienne, la tête fléchissant en arrière jusqu'à disparaître derrière les sacs de sable. En première ligne, on ne choisit pas son adversaire.
Bertrand fait une sorte de prière: "Qu'il repose en paix quelque part dans tes camps de concentration de l'au-delà"
La riposte est immédiate. Il rampe jusqu'au vasistas de la cave. Il y balance son arme avant de forcer ses larges épaules. Chute dans la poussière soulevée par son corps lourd. Les étincelles, les traits brillants des dizaines de balles ennemies qui fendent l'air font un effet stroboscope qui lui rappelle ses nuits hardcore des années 90. Siècle dernier, jeunesse éternelle, liberté sublime. Guerres de tranchées en cours de préparation. Il y avait de l'oxygène, de la liberté, il y avait l'insouciance d'une démocratie que l'on pouvait réinventer, améliorer, bien loin du présent lourd qui n'offre que des rangées de produits par millions comme seul horizon. Ligne de fracture. Des éclats de briques frappées par les balles couvrent son corps. Pierre déboule en rampant, essoufflé:
"Putain Bertrand, t'es complètement taré ?! Pourquoi t'as buté ce troufion ?!
- J'avais juste envie que ces chiens de médias carpettes parlent de ce si gentil soldat innocent et pur marié et père d'un petit garçon blablabla abattu par un méchant terroriste barbare et dégueulasse..."

Ils se marrent dans le crépitement assourdissant des tirs ennemis.

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