Le jour jongle avec la nuit



Timidement, il entre dans la chambre. Elle ne sait pas trop si cette passe durera longtemps. Les hurlements se font déjà entendre dans le bureau d’accueil du motel. Le garçon approche sous l’impulsion de l’index d’Amanda qui lui ordonne de venir… Elle ventile, son cœur s’emballe, elle ne pense pas au puceau, prise par les cris, la trouille au ventre, et le pakistanais excité par la scène ne cesse plus de scander : « Mon chérie baby d’amour ! Viens oh oui viens baby chérie mon lover »… Elle le sent coincé, il n’est pas le seul. Pour le rassurer, elle prend délicatement les billets, les pose en douceur sur la table de nuit et se colle à lui en lui murmurant dans l’oreille :

« Ne crains rien, ça va bien se passer… Maman est là »

Ses bras se relâchent. Elle prend la main du garçon qu’elle pose sur sa hanche. Lui lèche l’intérieur de l’oreille avant de dire : «Tu es un gentil garçon »… Il sent ses cheveux. Elle est couverte d’huiles essentielles. Lui semble s’être badigeonné de son pire parfum bon marché.

« Tu sens très bon… Maman est fière de toi.
-          Je veux pas que tu sois ma mère.
-          Tu veux quoi.
-          Que tu sois ma chienne »

Halfred hurle plus fort que le gros nounours. La nausée la saisit. Le garçon sort un masque de chien en fourrure noire. La tête d’un cocker. Il lui fait signe de la tête de l’enfiler. Elle s’exécute. Un vent frais rase le sol. Il ne s’encombre pas de manières, baisse son minishort et la pénètre à quatre pattes sur le lino… Ses yeux sont recouverts par le masque mal ajusté. Le jour jongle avec la nuit. L’aube peine à éclaircir le ciel tant celui-ci est chargé par cet orage perpétuel.

Le va et vient s’interrompt soudainement. La queue du garçon reste ferme dans son sexe. « Qu’est-ce qui t’arrive ? » avant de se retirer soudainement. Précipitamment, elle arrache le masque et tourne la tête en direction du jeune garçon qui gît là, la gorge tranchée, la bouche grande ouverte, la langue sectionnée tremblant dans la paume énorme de Halfred.

« Faut partir. Vite. Faut rien oublier. T’as cinq minutes »


Extrait de « Reine-Mère », nouvelle en cours d’écriture. 

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