Qui n'aime pas Johnny Hallyday n'est pas français
Texte écrit et publié en juin
2007
Ça gesticulait beaucoup, 30 années en arrière. Mais pour le
fruit de ces années de copulation chiennasse, l'espoir s'est mué en daube à
conserver, collée au derche. Leurs enfants, qui trainent leurs moins de 30
années, pas de souvenirs de guerre, pas de notions réelles en matière de
famine, de manque... Des générations de branleurs se sont installées
durablement dans les sociétés occidentales. Quand leurs parents finissaient,
après avoir niqué leurs révolutions seventies, par s'intégrer au monde de
l'entreprise, de l'administration. Entre 37 et 40 de "cotises", et
zou en retraite, avec propriété privée, Scénic Renault et vacances en Gîtes de
France.
Bien entendu, je caricature, mais je n'ai ni le temps ni le
besoin de faire dans la dentelle... Ces gosses sont diplômés mais certains de
n'être jamais considérés pour ça. Les entreprises paient les nouveaux arrivants
avec des salaires minables et des techniques de management par le stress
élaborées, en grande partie, dans les rangs serrés des crétins de l'armée.
Pendant que le baby-boom devient une lame de fond de papy
boomers (bien dans leur peau, très actifs à la retraite, enfin c'est ce qu'ils
disent souvent), les "gosses" qui ne manquent plus de bouffe, de
gadgets et de loisirs bidon, broient du noir, n'ont d'autres solutions que de
prendre le monde tel qu'il est servi (ce qui permet une économie énorme en
matière de réflexions, de pensées, de révoltes, ...) et de se transformer, peu
à peu, mais tout de même, en une génération de crétins chiants, sans cervelle,
insipide...
J'ai moins de 35 ans et ça fait depuis... toujours que je me
coltine des rien-du-tout, des imparfaits, des présents simples et des futurs
dé-composés. Comme chantaient les Taxi Girl (yen ai d'la culture non?) dans les
années 80 (et oui déjà!), "Nos parents, ils avaient l'Espagne, et nous,
qu'est-ce qu'on a? Le Liban?" Les générations "libérées" des
années 60-70 ont bourré le crâne de leurs gosses avec ça: "Faut se couvrir
à cause du SIDA", "Tu dois faire des études si tu ne veux pas te
retrouver au chômage", "Il faut te bouger si tu veux réussir dans la
vie", "Le plus important, c'est de faire le métier qu'on
aime"... Voilà, quand ils passèrent leur jeunesse à cracher sur l'ordre
établi, ils proposent à leurs progénitures de s'y soumettre... Ce que ces
dernières font sans rechigner, planquer chez papa/maman (famille recomposée,
tout le monde participe aux tâches ménagères, tout le monde a le droit à son
orgasme au plumard et la galanterie, c'est un truc ringard. Je délire encore).
Nombre de gugusses de mon âge ont pris des cartes de partis
et syndicats très revendicatifs (CNT, CGT, FA, LCR, etc.), mais leurs parents,
souvent anciens militants, les en ont dissuadés: "Fais pas ça. Je suis
passé par là. Regarde l'URSS et Mao. Et puis le monde a changé, à notre époque,
les idées de révolution, ça avait un sens". D'autres sont allés vers le
FN, l'UMP... Et leurs parents n'y ont pas toujours vu du mal.
Ces vieux qui avaient mis le "parti de la
jeunesse" en avant n'avaient pas assez de cervelle pour penser leur propre
vieillissement. Alors leur "réaction" est tout aussi puissante que
celle de leurs parents. Ils revendiquent et désirent toujours une société de
partage, mais refusent d'en faire les frais. Ils ne veulent pas céder leur
niveau de vie acquis pour en donner un peu à ceux qui en chient... Ils sont devenus
les pires porcs de la pensée...
Ma mère n'a pas dit "non" quand je lui ai demandée
si elle avait voté pour Sarko. Elle m'a dit, également: "On ne peut pas
rester au chômage! Ce sont les miteux qui sont au chômage!"
Alors que vais-je enseigner à mes propres gosses? "Tu
ne dois pas manger de bœuf à cause la vache folle, pas de poulet à cause de la
grippe aviaire, pas de mouton à cause de la tremblante". "Il ne faut
pas être communiste parce qu'ils ont tué plein de gens, pas être capitaliste
parce que ce sont tous des égoïstes, pas féministe parce que ce sont toutes des
vieilles gouinasses, pas raciste parce que c'est interdit par la loi, pas
artiste parce que ça rapporte pas assez de tunes, pas pacifistes parce qu'il
faut bien les niquer les Talibans, pas socialiste parce que c'est tous des
bobos, pas centriste parce que c'est la honte, pas écologiste parce qu'ils
servent qu'à s'engueuler, pas protectionniste parce que c'est la
mondialisation, pas paysagiste parce que ça je sais pas trop pourquoi, pas arriviste
parce qu'il ne faut pas écraser les autres, pas islamiste parce que c'est WTC,
pas athéiste au cas où y aurait quand même un bon dieu, pas fumiste parce que
le travail c'est bien, pas... pas... pas... Sinon tu as le droit d'écouter tes merdes dans la
chambre mais je te préviens, qui n'aime pas Johnny Hallyday n'est pas français."
Je sais, je suis triste et négatif comme mec... Mais toi, au
fond, tu me fais chier avec ton optimisme à toute épreuve, ta bonne humeur, ton
dynamisme vain et ta morale récurrente: "y’a toujours plus malheureux que soi...
Faut pas l'oublier..."
Et plus con, non?
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