Une sorte de néo-Moyen-Âge numérique, une sorte de féodalité sauvage et digitale




Depuis la fin des années 2000 et le début des années 2010, l’apparition des réseaux sociaux a changé la donne. Les hashtags seraient de nouvelles banderoles, des points de rassemblement pour des individus enragés, en révolte, prêts à en découdre. Les médias se sont peu à peu mués en haut-parleurs de trolls et autres haters des réseaux, de pseudo-philosophes, les experts aux 250 caractères, les groupuscules criant si fort qu’ils paraissent des millions et les analystes paresseux. Une caisse de résonance pour les barjots, les amputés du second degré, les fachos, les radicaux, les lâches, les consultants en tout et en rien et les envieux, qui laisse l’impression que l’ensemble de la société s’est transformée en une sorte de néo-Moyen-Âge numérique, une sorte de féodalité sauvage et digitale.
Les vedettes sont vilipendées, les anonymes piétinent les vedettes pour devenir des stars du buzz. Des associations plus braillardes que d’autres s’illustrent, se font entendre et s’approprient les idées, les idéologies, les révolutions du passé pour en faire des poisons médiatiques et sociétaux nauséabonds : néo-fascistes, néo-communistes, néo-anarchistes, néo-féministes, néo-nationalistes, néo-altermondialistes, néo-eugénistes, néo-libéraux, néo-croyants… Tous ces « néo » ont le goût de moisissures se répandant dans tous les réseaux, sur toutes les lèvres, dans chacun des esprits.
Les préjugés deviennent les jugements suprêmes, la justice n’est plus qu’un mot-tiroir, un foutoir où chacun met ce qu’il veut : contre la peine de mort sauf pour les terroristes, les pédophiles, les blacks blocs et pourquoi pas tous ceux qui ne sont pas d’accord… Pour la liberté sauf pour tous ceux qui expriment des idées qui remettent en cause les siennes… Bref, on donne de l’importance à des multitudes de rageux ultra-minoritaires mais désormais armés d’Internet pour alimenter la société du spectacle, pour appuyer des lois liberticides, des lois métamorphosant la fraude fiscale en « optimisation » fiscale ou promettant de traduire des citoyens en justice sur la seule base de la suspicion de culpabilité future. On en vient à écouter les éructations numériques, radiophoniques ou télévisuelles d’imbéciles exigeant un bannissement social et sociétal généralisé pour tous ceux qui auraient purgé leurs peines.
Ces petits juges pourtant très discrets dans la rue ou en face à face, ont pris le contrôle du discours journalistique. Quand le mainstream est d’accord avec une certaine vindicte populaire multiforme, il est fier de dire qu’il s’agit d’une « libération de la parole » et quand il invalide une autre vindicte populaire multiforme, il crie au « complotisme ». Le lynchage digital provoqué par les milliers de parasites détestables pourrait se cantonner à leurs propres forums, à leurs groupes Facebook ou leurs hashtags Twitter… Mais non, une grosse portion du corps journalistique fait ses choux gras de cette fiente, ramassant une mèche allumée pour la jeter sur des forêts asséchées.

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