Un grand débat national : comment Macron va tenter de nous enfumer


Ce premier texte, je l'ai écrit en décembre 2018 :

La concertation qui s'ouvre suite au mouvement des gilets jaunes est simple. Il s'agit pour le gouvernement, aguerri aux méthodes actuelles de management dans les entreprises et pas mal de services publics de reprendre la main. Vous entendrez beaucoup dans la bouche des membres du gouvernement des termes tels que "concertation", "co-construction" et autres formulations “sympas” et “inclusives” pour chacun des participants. Il y aura des réunions, des kiosques (ça fait plus convivial), des groupes de travail (ça fait sérieux) où chacun sera libre de s'exprimer dans un rétro-planning très ajusté et très cadenassé. Jusque là tout va bien.

L'important dans un premier temps est de laisser travailler les chargés de projets, les maires, les attachés de tous poils. Sur la base du volontariat, les participants “co-construiront” les évolutions sociales et démocratiques de demain. L'important est que dans ces assemblées, il y ait un dosage parfait : quelques gilets jaunes, quelques syndiqués, quelques acteurs du secteur associatif et surtout beaucoup de foulards rouges, de sympathisants LREM, MODEM et LR. Ceux qui mèneront ces réunions auront une feuille de route.

Je vais essayer de faire simple : on commencera par des tours de table, avec viennoiseries et café offerts. Pour les non initiés, se présenter devant une assemblée est assez intimidant surtout quand on ne connaît pas les autres. La “feuille de route” sera ensuite (ou avant le tour de table) exposée par un ou plusieurs animateurs aguerris à l'animation de groupe de co-construction (bah oui, c'est un métier).

Au fil des semaines, grâce à des discussions menées autour de thèmes divers qui auront été listés dès le départ, avec des travaux menés en groupes entiers, en sous-groupes (on laissera croire que l'on améliore l'organisation des réunions à chaque séance pour que “chacun puisse s'exprimer en toute liberté et participer pleinement à l'élaboration du projet”), il sera conçu des modules, des innovations, des méthodes, des projets de loi.

Peu à peu, à force de viennoiseries, de petits cafés, de pause clopes ou de cigarettes électroniques ensemble, une sorte de syndrome de Stockholm contaminera tous les membres des groupes de travail. Des affinités se créeront, les préjugés d'hier tomberont, remplacés par un respect mutuel. Ça avancera tranquillement jusqu'à l'issue… C'est à dire jusqu'à des prochaines élections. De nombreuses propositions seront faites et seront au final pseudo innovantes. Car, il faut le préciser, les animateurs des groupes avec leurs chefs de projet auront toujours une longueur d'avance sur les petits rebelles (gilets jaunes et autres) : ils connaîtront les lois, les contraintes budgétaires et les obligations diverses. Le rebelle dira : plus de démocratie ! On lui expliquera que oui, il en faut mais on le noiera dans un lac d'argumentations difficilement “contrables”.

Au bout du bout, chaque groupe de travail (des milliers en France) arrivera à des conclusions, des propositions (tout ça sera fait avec des outils de management efficaces tels que des bêta plans, des brainstormings, des ateliers appuyés par des “experts”.

La somme des travaux des milliers de groupe sera apporté à des supers chefs de projets qui en feront la synthèse. En gros : le gouvernement a déjà aujourd'hui la plupart de ces résultats en tête, du moins ceux qui seront communs à tous les groupes de travail. Pourquoi ? Parce que l'homme, ce mouton, quand il est bien entouré d'un berger et ses chiens aux allures empathiques, va toujours vers le pâturage où on souhaite l'emmener. Dans le cas de figure présent, certains moutons se sont égarés et sont sortis des sentiers battus, ils seront donc réintégrés et conduits vers un nouveau vert pâturage qui n'attendait plus qu'eux.

Au terme de ces mois de “concertation”, les participants de tous bords auront “co-construit” les innovations sociales et démocratiques qui auront été pensées bien en amont. Il n'y aura rien de révolutionnaire mais simplement des évolutions qui feront plaisir à la majorité paresseuse et goinfrée de la société.










Ce second texte, je l'ai écrit après avoir regardé la seconde partie du lancement du grand débat par Macron le 15 janvier 2019 :

Bon je suis un bon élève citoyen de seconde zone alors j'ai regardé le grand débat animé par le Président de la République en personne.

Alors ça se présente comme ça : tu as Manu debout dans une belle chemise de patron de Free, de belles chaussures cirées de Monsieur, un pantalon à pinces bien repassé (pas de veste de costume, ça fait trop mec ringard qui a lui vraiment travaillé pour se le payer). Manu, il a un micro. Autour telle une corolle de fleurs, des maires assis sur des chaises, avec leurs belles écharpes tricolores. Lui au centre. Micro. Eux autour comme dans la secte du Temple Solaire. Pas de micro pour eux. Normal, c'est que des membres de la cour.

Bien. Bon (comme dirait Christine Angros).

Manu a un bout de papier sur lequel sont écrites des questions des membres de la cour. Bien. Bon. Pas de gilets jaunes à l'horizon. Juste des élus tant adorés par les gilets jaunes et tant d'autres français.

Bon. Bien.

Les questions, c'est Manu qui les lit en personne avec son micro de roi-pdg. Ce sont des questions triées sur le volet mais c'est pas un journaliste qui nous raconterait ça au risque de froisser la monarchie.

Les hôpitaux, les écoles, et ci et ça.

Manu répond sans tabou aux questions pas tabous du tout. Il parle franco sa mère, il parle de chiffres, de thunes, de statistiques, de finance, d'objectif, de rationalisation, etc.

Mais surtout moi l'élève citoyen de seconde zone mais avec un esprit retors que je vais finir avec un bonnet d'âne au fond de la classe, je comprends le principe du débat façon Jupiter : on lui pose toutes les questions que l'on veut, triées sur le volet, et lui, il répond, il donne la solution.

Point final. Fin du débat. Rentrez à la maison.

Bon bien.

Donc Macron le roi d'un seul français, lui-même, est un boss d'une entreprise de 66 millions de couillons qui doivent lui poser les questions qu'il veut pour qu'il donne ses solutions à lui.

Fin du grand débat. Maintenant il n'y a plu qu'à renverser ce salopard "Manu" militari et ses chefs, à savoir les oligarques. Si on peut aussi virer ces pleutres de maires qui se mettent carpette autour, ça serait pas mal du tout.

Bien. Bon. À notre prochain acte. Plus que jamais.

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