Skinheads - John King - Retour de lecture



Petit retour de lecture (je vais encore me faire des ennemis) de "Skinheads" de John King. Je ne dirais pas que c'est un chef d'oeuvre mais un très bon livre (avec quelques scories dedans). On plonge dans la vie Terry et de Ray son neveu. Terry est patron d'une boîte de taxis et son neveu est l'un de ses employés. Tous deux sont des skinheads mais aussi tous ceux qui les entourent. Terry approche de la cinquantaine, il est veuf et élève ses trois gosses. Son neveu a deux marmots et s'est fait jeter de son domicile par sa femme, une skinhead-girl qui a vrillé femme au foyer.
Ce roman, publié en 2008 en France par les éditions Au Diable Vauvert est symptomatique d'une Angleterre fractionnée. Ici les skinheads, hooligans ultra-violents à leurs heures durant les matchs de leur équipe, Chelsea, sont dépeints sans clichés lourdingues, sans grosses ficelles insupportables dont les médias mainstream nous abreuvent depuis des décennies.
Ils sont de la culture Oï, traînent dans les pubs avec les punks, les rockers et toute une faune de bonhommes issus des milieux prolétaires blancs, savatés par le capitalisme sauvage, fulminant contre cette Europe qui leur vole leur souveraineté, leur identité et fait la part belle aux pourris milliardaires et aux politiciens inféodés à ces mêmes pourris.
Ils sont bien moins politisés que ce que l'on dit, ils sont surtout fiers de leur identité, leur culture (sous-culture) mélangeant la fierté de leurs pères qui eurent combattu le fascisme, la musique punk, la musique skin, le reggae, le ska. On est là dans la véritable histoire des skinheads avec ses gros abrutis écervelés mais aussi avec ses types cultivés. On découvre l'influence de la musique jamaïcaine, le désir féroce de se démarquer de ces hippies "cradingues". Les skins sont toujours tirés à quatre épingles: Fred Perry, Doc Martens bordeaux, chemise Ben Sherman et crânes rasés. Leur passion pour le foot est toujours couplé à la baston avec les hooligans d'en-face. Dans les bars skins, une franche amitié règne. ça picole de la bière anglaise, ça rigole... Et l'on perçoit le ressentiment de ces prolétaires ou enfants de prolétaires blancs qui ont été broyés par le rouleau compresseur capitaliste, qui ont vu leur quartier populaire peu à peu habité par ces migrants venus d'Europe de l'est, du Pakistan, etc.
Les misérables s'agrègent de force, sans qu'on leur ait demandé leur avis... L'histoire est assez prenante, bien menée.
Enfin, l'auteur expose, dès 2008, les prémices de ce qui a mené au Brexit.
C'est à lire. C'est l'histoire de personnes paumés dans une cage mondialisée qui ne fait que déchiqueter les moins biens nés.

Skinheads - John King - 2008 - 405 pages. 

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