Ma rage s'est muée en paquet de chips

Je pense que ma vie est juste derrière l'out. J'ai beau avoir des causes, j'ai beau avoir 15ans X3, je n'ai plus souvenir d'avoir eu une famille. Je ne me situe pas bien sur la crête du pont qui m'aspire vers les courants rageurs du fleuve aux eaux troubles. Je n'arrive plus à dormir que de novembre à février. Ce serait pourtant plus simple de revenir sur l'herbe pleine de merdes de chien de l'aire de repos de l'autoroute du cagnard. Ma rage s'est muée en paquet de chips posé sur mes grosses cuisses. En luttant, et pourtant j'ai lutté, je n'ai fait que me boucher les artères, m'attirer des ennuis durant mes journées d'ennui. La nuit n'est plus aussi folle, elle a un goût de tuyaux qu'on enfonce dans la gorge pour que je vive. Vive pour quoi? Supporter les encore et encore, ces tonnes de chips industrielles, ces pizzas grasses, ce canapé voûté parle poids de mon gros cul. J'ai payé toutes mes factures, j'attends les prochaines, j'ai hâte de payer les prochaines pour oublier que j'en ai chier pour payer les précédentes. Mais dans ce fleuve aux eaux dégueulasses, je perçois une lumière, douce, pas piquante dans les pupilles de mes yeux, une lumière qui passe au vert, puis à l'orange, et enfin au rouge. Le joli pare-choc clinquant d'une grosse berline percutera mon crâne. En attendant, je termine le tube de ketchup qui fait le bruit un pet diarrheux quand on le presse.