Big Love in The Apocalypse!


"Ils ne savent pas ce qu'ils vont pouvoir faire de leurs mioches ils ne savent pas où ils partiront en vacances. Ils ne savent même pas s'ils pourront payer leurs crédits dans deux ou trois ans. Ils ne savent pas s'ils auront encore un travail... Mais ils sont dans le déni de leur temps. Il leur faudra des années pour réaliser. Ils se mettront en colère après le déni. Parfois ils porteront des équivalents de gilets jaunes. Mais ensuite ils s'autodétruiront, en faisant d'autres gosses ou en se pendant avec une corde, ou en se réfugiant dans la drogue, l'alcool, le sucre et les sites de dissidences de tous poils ou ils tueront ou pire ils travailleront pour tenter de revenir à leur statut d'avant."

L'homme range sa queue luisante dans son jean juste après avoir prononcé ces mots. 

Amanda se relève à peine que le type revient vers elle pour lui claquer son pied à travers le visage. Chancelante, elle parvient à rejoindre le bord du trottoir à quatre pattes. Le jean et la culotte arrachés. Ses yeux pleins de larmes portent la confusion, les miroirs de ses pleurs pixélisent sa vue. Le ventre douloureux, les hanches déglinguées, le cœur cogné par la précipitation... Audrey vient de se faire violer. Il est 22h54. Personne ne traîne plus dans les rues depuis des mois à cette heure. La police est un spectre armé chargé par l'Etat castré de faire régner le discours sécuritaire plus que la sécurité. 

C'est une danse macabre. Son sexe, ses cuisses, son dos douloureux l'empêchent de se lever, l'oblige à enfouir ses lèvres dans le macadam trempé de l'avenue déserte. 

Une casse scabreuse... 

Péniblement, elle parvient à se cramponner au tronc d'un arbre, tente vainement de se hisser sur ses deux pieds égratigner avant de s'écrouler...

Tourbillon de la vie. Dans la tempête des liquides et des chairs, le char déchaîné de la biologie réalise son oeuvre... Le sperme trace son chemin jusqu'à la supernova ovulaire. Le ventre veineux, les valves palpitantes, les lésions suintantes... Le chef d'oeuvre de la vie... 

Audrey vomit contre la portière qu'une voiture en chialant. On est en 2020. Sa vie vient de changer. Le monde, lui, vient de s'effondrer. 

Premières lignes de Reine-Mère, nouvelle en cours d'écriture (commencée en 1018) 


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