Une époque où les femmes étaient seins nus sur la plage. Journul intime 24

 


Allez, même si c'est kitch, ça vous rappellera une époque où on s'habillait certes comme des bites, où on utilisait des synthés dégueulasses et des refrains diarrheux mais où on pouvait aller se taper des vacances avec ou sans thunes, au camping ou au palace, où on baisait sans capote, où on picolait sans être fichés criminel potentiel, où on fumait sans un post-il "A choisi de mourir d'un cancer et de pourrir l'air festif de la soirée", où on se faisait dorer au soleil en savourant la plastique libérée de chacun, où l'on avait découvert que les blancs voulaient inverser la cruauté de leurs ancêtres (avant qu'on leur reproche à nouveau 30 ans plus tard alors même qu'ils n'étaient plus que des fiottes décadentes et sans épaules), où l'on  kiffait "sush a shame" de Talk Talk ou "In Between days" de The Cure tout en subissant "à la queuleuleu" durant les mariages.

Une époque où les femmes étaient seins nus sur la plage, une époque où le bio était la bio, un cours de lycéens, où les voitures auraient dû être volantes en l'an 2000, une époque où les radios devenaient libres, où les squats étaient encore là et attaqués par les CRS, où les chips Flodor étaient hégémoniques, où Polack était le maître de cérémonie d'une liberté d'expression sans précédent et sans avenir, où les punks étaient encore vus comme des racailles dangereuses, où Talbot et Simca existaient encore, où l'Europe était encore un petit club de pays aux destins convergents, où l'Angleterre était dirigée par une dame en fer, où la ceinture de sécurité n'était encore qu'une option et le sentiment d'insécurité qu'une fiction.

Un temps où on passait du papier-peint orange et marron à fleurs aux fauteuils en rotin Pier Import, où Gotlib et Pervers Pépère était la subversion façon bande-dessinée, où la Grèce était un pays presque du Tiers-Monde (comme aujourd'hui), où d'ailleurs on nommait les pays hors Occident "Tiers-Monde", où l'URSS pointait ses milliers de têtes nucléaires contre les milliers de têtes nucléaires des USA, de la France et de l'Angleterre, où la couette et le sweat-shirt bleus ciel, les polos roses, les pantalons à pince, les "tennis" Noël à velcro remplaçaient les pat' def, où l'industrie était triomphante ainsi que le début du chômage de masse, où les périphéries n'étaient pas encore d'immondes zones commerciales, où la France avait inventé internet qu'on appelait Minitel et les trains les plus rapides du monde.

Un temps où baiser était une liberté fraîchement acquise, où la télé n'était plus et pas encore un organe de morale, un temps où rien n'était merveilleux, où les vices, les perversités, les taudis étaient là, comme avant ou après, un temps où on ne portait pas des masques sur la gueule, où les populos blancs n'étaient pas encore considérés comme des raclures blanches, dégénérés et fascistes par les dirigeants de gauche...

Un temps qu'il faut raconter désormais comme n'importe quelle période de l'Histoire: révolue, mais pleine d'enseignement.

Allez tous vous faire foutre.


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