Le fantasme de sa propre viande. Journul intime 47.

 


Ne m'approche plus. J'ai des pensées de sang coulant. Le goût de la viande dans la bouche, très ferreuse. La qualité de la viande. Le fantasme de sa propre viande, des nerfs afférents, des os teigneux. Le besoin de viande, le besoin de feu. Le besoin des jambes. Des doigts décortiqués. Des petits osselets et ses filaments de chair.

Comme baiser la viande, y planter une lame plutôt que la queue. Sous les lumières zénith qui percent entre les feuillages. La rivière qui scintille et le goût du bois que l'on suce. La sauce acide de l'herbe morte dans les eaux stagnantes d'un champ. La chimie buccale, l'érection des papilles quand on arrache la bedaine d'une vache étalée sur le flan. Les boursouflures, les relents de soufre... Tandis que la lumière grise et plate de l'aube divise l'esprit en deux portions. Celle des ténèbres et celle de l'Office...

Les ombres alignées, les moines rocheux défilant. La plastique du vent trempé et froid du nord-est. Le corps dénudé. Les organes génitaux réduis à l'état de plaies entre les cuisses. Recroquevillé dans l'humus mouillé, les lèvres craquelées, le regard baignant dans une mer de cimes d'arbres sans feuilles...

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