Tu le frappes de toutes tes forces. Journul intime 44.

 


Il faut que j'aille de plus en plus vite, que je m'en foute de tout. Parce que la mort approche.

Aller de plus en plus vite pour oublier que je suis au bord de la falaise qui m'entraînera bientôt dans les flots. Courir donc...

Un peu plus vite dans le vide.

À savoir, faire le contraire de la voix que j'entends. Le contraire du regard protecteur qui me fixe.

Vous m'excuserez de consommer de plus en plus de dope, de me plier à la léthargie, de me laisser mollir jusqu'à l'explosion de mes artères sur un matelas difforme.

Dans le chien du regard des passants, tu ne vois que des humiliés et des tortionnaires. Les deux à la fois

C'est un cycle. C'est toujours pareil. Vos religions avec ou sans dieu pourrissent la vie de tout le monde.

Enfant, on se suffit d'une sucrerie dans la bouche ou d'une balle pourrie, d'une poupée sans bras. Enfant ou vieux, c'est pareil. Tu dois uriner dans la pissotière transparente devant tout le monde, les doigts portés vers toi, les visages pleins de rires moqueurs.

C'est alors que tu commences à ne plus respecter leur morale. Tu débutes avec un chat puis deux et plus que tu tabasses le mercredi après-midi, dans les buissons piquants en bas du quartier. Quand tu les tapes, quand ils te griffent jusqu'au sang dans l'avant-bras et que ça décuple ta haine, que ça te remplit le corps d'une colère qui te pique tant c'est bon d'être puissant, enfin. Un instant. Plus il rugit contre toi, et plus tu sens la méchanceté... Plus tu le contournes pour lui attraper sa nuque. Ça lui fait le corps mou et soumis. Il crache encore mais ses putains de chemins internes le figent.

Il est à toi. Tu le frappes de toutes tes forces. Il se tord dans tous les sens de douleur. Ça semble trop légé. Il se crispe encore.

Sa petite tête de félin a la tête de tous les méchants qui détruisent.

Lentement, tu lui casses ses os. Avec un bâton. Il a la tête de toutes les familles. Il a la tête de tous les jours.

Quand tu déposes son corps inerte sur le sol. Tu lui ouvres le ventre. Ça brille au soleil. La viande scintille. Tu ponctionnes un morceau de son poumon. Tu es encore trop jeune pour jouir, mais tu jouis intégralement, cérébralement en machouillant un morceau dedans son ventre. Ça pue. C'est chaud. C'est rassurant.

Le cœur ralentit. Tu as l'hémoglobine dans la gorge. La colline en forme de nichon couvert de pins est devant, tapée par les épées solaires du presque crépuscule. Tu es excité. Tu perds pieds. La rivière en bas scintille.

Tu as enfin vengé les coups, les humiliations. Tu poses le cadavre du chat et tu lui enfonces un mouchoir dans les viscères.

C'est délicieux au point de te faire rouler les yeux dans leurs orbites.

Il est temps de rentrer....

Commentaires

Articles les plus consultés