Cette vision d'un instant figée dans un corps cloué au sol


De façon réelle ou imaginaire, les massifs ont disparu de ma vue, laissant la place à une plaine plate au sol aride rythmé par les ondulations des rayons du soir. C'était sublime et je ne me rappelle rien d'autre. Cette vision d'un instant figée dans un corps cloué au sol depuis des heures, les yeux comme seule issue de secours pour échapper à une paralysie complète, tout était magique et terrifiant.
Chaque coup de pelle m'avait ouvert de profondes plaies dans le cou, sur le sommet du crâne, dans le gras du ventre et au centre du mollet gauche. Je ne ressentais aucune douleur. C'était bien pire que la douleur, je me sentais partir sous une boule géante, une roche sphérique de plusieurs tonnes qui me roulait lentement dessus.
Je plissais de plus en plus les paupières. La lumière rouge du soleil crépusculaire m'éblouissait violemment. La voix qui me parvint, aiguë et forte, me fit l'effet d'une explosion de pétards à quelques centimètres de mon oreille: "Eh jeune homme... Vous êtes morts ?"

Extrait de "La Diaspora des derniers jours"

 

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