L'Ordure trône au loin

 


La haine féroce qui s'abat sur nous semble solidifier l'air qui nous entoure. Nous sommes blottis l'un contre l'autre, mes bras lourds, comme fondus dans des blocs de béton scellés au sol. J'embrasse sa joue si douce, inondée par les larmes. Sans un mot, un bref regard suffit, nous échangeons nos cœurs palpitants. L'Ordure trône au loin, sur un fauteuil taillé dans la roche d'une falaise, le corps flasque d'une femme bien trop nourrie à la détestation d'elle même. Son unique soldat, petite chose luisante taillée dans la lose et l'obsession du pouvoir comme compensation délirante à la taille ridicule de son pénis, canarde sans cesse, vide des chargeurs en direction de notre maison sans jamais l'atteindre. 
J'ai encore du courage, j'ai toujours la force, mais une victoire se prépare patiemment, méthodiquement, sans précipitation, avec précision. 
Dans le chaos des balles qui sifflent, ma moitié et moi entendons un chant profond, bienfaiteur... Il est rassurant. Il est un allié. Il émane d'une silhouette lumineuse dont nous ne percevons que les contours. L'air devient moins lourd, moins solide. Le chant est une brise pour nous et une colonne de feu pour nos agresseurs. Une Ville à Deux est debout même si ébranlée méchamment.



Extrait de chroniques en temps de guerre numérique.

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