Mon Usine revient


Avant de partir, je voulais te dire que je lui ai précisé que tu n’étais plus sur le marché. Il ne pourra plus vraiment nuire ni même faire subir, il pourra en revanche regarder, rester cloîtré dans sa tour de contrôle, ses écrans devant, son fauteuil modèle « Président », pour surveiller l’usine, et découvrir la peau cuivrée des clients enchantés, ses salariés aussi, toujours souriants, distribuant des mains amicales à qui voudra les saisir. Il ne répondra pas au téléphone, ni même aux sollicitations en direct, et pour cause, il sera dans la tour, dans sa pièce verrouillée de l’extérieur pour qu’il n’inflige plus jamais le malheur, la douleur, les claques psychiques terrifiantes. Il a traversé le monde, il a erré, il a découvert, il a joint les quatre points cardinaux sans jamais s’arrêter. Derrière lui, il y eut comme une longueur, immense, infinie trace d’acide tranchant le croûte terrestre, découpant la sphère terrestre en quatre parties égales. Il était attendu comme le messie, je crois, il est venu. Au lieu du déluge, il a distribué les baffes, les catastrophes… Personne ne l’a reconnu. Il est enfermé, il sent l’odeur du café, il profite tel un voyeur du mouvement des restes du monde, dans son Usine… Et de sa voix rauque distribuée dans toutes les zones de vente et de production, il a dit, il le redira mais il l’a dit : « Vous avez cru mon Usine aux oubliettes… Erreur, mon Usine revient, Mon Usine, le suite... »

Extrait de "Mon Usine, la suite"

 

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