Sur le paquet de cancers, il y a une photo de clopes consumées

 


Puis, une fois rentré, il ne reste que le rouge-orangé, la douce odeur du hachis parmentier, du fraisier périmé acheté dans le rayon mal éclairé du supermarché chiant du bout du monde, du bout de la zone industrielle. Aux vents violents subis en famille, je préfère les briques froides, tes baisers chauds, nos culs presque osseux saillants sur le béton bénéfique de la mégapole. Un jour, l'un dit merci. Le suivant, l'autre t'offre une bouffée d'haleine douce et de salive tiède. 

Sur le paquet de cancers, il y a une photo de clopes consumées. Sur la boîte aux lettres, il y a le nom et le prénom d'un dictateur tyrannique. Notre rue piétonne plus jolie qu'un désert de caillasse sur lequel croupissent des culs totalement osseux saillants sur le lac séché du désespoir... Il y a ensuite le couloir, sans les vents violents. Il y a le miroir pour se jeter un coup d’œil lorsqu'on s'embrasse amoureusement. Il y a l'oubli des tuyaux flanqués en intraveineuse, des milliers d'heures à se figer zombie devant une webcam... Nous n'avons pas l'océan, nous n'avons pas les phoques, les fougères pliées, les chemins sauvages... Nous, nous avons les autoroutes en parpaings, les nuages de poussière, les escaliers de briques abîmées... Nous avons, dans la foule immense, tentaculaire, radieuse de tristesse, les planètes lointaines, les mégapoles vertes des mondes parallèles. Nous avons un secret: le souffle doux du zéphyr expulsé par nos peaux. 

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