Le tatouage est un conformisme social absolu.


« Pour montrer au monde son mépris pour la société dans son ensemble (comme orchestrer le meurtre de sept personnes ne suffisait pas) lors de son procès dans les années 1970, Manson a gravé un "X" sur son front. Des années plus tard, il a décidé d'embellir le "X" et de le transformer en une croix gammée tatouée, c'est ainsi qu'il a fait ses débuts à la télévision nationale lors d'une interview en 1981 avec NBC.» 


Le tatouage est tellement devenu un truc de tout le monde, bobos, lilis, beaufs, rebelle à deux balles, boss de multinationales, militants "insoumis", faf rn bien peignés et que dalle, que dire que le tatouage c'est de la merde conformiste est un authentique acte punk, anti-tout et chier-sur-la-société.

Quand le transgressif consiste à blesser, emmerder ou clouer au pilori tous ceux (c'est-à-dire l'écrasante majorité des gens) qui ont absolument voulu se coller un putain de patch à vie sur le corps...

Ne pas se tatouer est refuser la mode, la tendance, cette sous culture de la répétition, du mimétisme et du marketing.

Je sais que les tatoués que je connais ou ne connais pas le prendront mal, ou avec mépris, condescendance ou encore avec amusement (pour ceux qui ont encore un cerveau en état de fonctionnement). Mais j'assume. Ça n'est qu'une énième redite de la reproduction sociale, la qualification de soi face au regard de l'autre, publiquement (quand c'est visible), intimement (quand c'est caché). C'est pour  acte de faiblesse face à l'autre, une insulte au secret, à la psyché, à l'idée de vie. C'est s'encrer (ancrer) dans une tribu ou revendiquer quelque chose que l'on n'assumera plus dans 10 ans même si l'on trouve toutes les raisons pour s'en persuader. C'est s'interdire l'existence, c'est imprimer l'instant.

Le tatouage a toujours existé. Mais il s'inscrivait dans un marquage à vie dans des sociétés figées, du moins immuables et spirituelles ou encore des vies à la marge. Il était un acte de soumission à un gang, une tribu, une caste, un groupuscule ou un clan. Aujourd'hui, c'est une norme sociale et ce depuis moins de 20 ans. Chacun se marque à la culotte. Chacun imprime sa "différence" à l'instar d'un criminel qui s'habillerait comme un flic. 

Désormais, c'est un acte individuel qui ne trompe pourtant pas le désir d'exister, d'être unique et un tout dans une marée individualiste où chacun reproduit les actes des autres dans le seul but, le but ultime d'être avec et dans la société.

C'est aussi l'affirmation d'une identité à l'instant T. Comme se figer ou encore imprimer chaque "soi" fluctuant tout au long de sa vie. C'est une photo unique de l'instant à l'heure de l'insta. C'est être toujours soi, c'est se condamner à ne jamais s'oublier, à se marquer comme du bétail. C'est n'être qu'une chose de son temps, c'est se contraindre à ne jamais se trahir, c'est la prétention de croire que l'on sait à l'instant où l'on sait, c'est se condamner à ne jamais se renier, à ne plus se dire "putain que j'ai été con à l'époque". C'est imaginer que le monde sera comme le monde d'aujourd'hui.

C'est être seul et essayer d'être avec les autres seuls.

Le tatouage à la sauce moderne est dans la droite lignée du besoin d'exister dans un monde qui, pourtant, est en train de disparaître.

Jason Barnum

                    Jason Barnum (serial killer) 








 

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