Pour me punir, pour te faire jouir

Dystophotographie


Au début, il faut toujours commencer par la fin.

Et la fin est pourtant si simple, elle commence et s'achève par la mort. En l'occurrence celle de celui qui voulait lui moisir la vie. 

Le dépassement de soi telle une casserole de lait bouillant qui déborde. Dans la lumière verte d'une forêt épaisse, ses pieds foulent le sol abrasif. Elle est en chasse, refoulant ses trouilles, les broyant avec des sursauts de colère. Rien ne peut l'arrêter, elle ne lâchera pas, allant au-devant du danger. Pour une fois dans sa vie, une seule fois dans sa vie. 

Que de nuits, bouffée par les douleurs au ventre, dans les reins, dans le cœur. Le corps sujet aux assauts de bourreaux invisibles. 

Que de jours, à traîner sa carcasse, claquemurée dans une fatigue infinie, perpétuelle et hégémonique. Comme si depuis sa prime enfance elle n'avait été qu'une vieille femme malade, écœurée par la connerie des Hommes, flinguée par l'égoïsme libidineux des hommes…

Elle chasse donc, libérée de son enveloppe, uniquement nourrie par la haine de la peur, par la peur de l'ennemi, par le désir brûlant de se venger.

Le sel de la vie grignote ses plaies... 

L'homme à la tête de feu a répandu ses odeurs sur chaque tronc, sur chaque feuille. Elle le flaire, elle le sait soudain moins triomphant, moins dominateur. Il a peur à son tour. 

Il le sait, il s'est engagé dans cette forêt pour se cacher, tel un gosse craintif qui n'assumerait pas ses fautes et ses crimes. Des années qu’il se jouait d’elle, sa chose, son objet. Lui et ses sourires, ses mots doux, lui et ses doigts la caressant dans le sens du poil, lui et ses laisses, ses cravaches, ses menottes et ses baillons. Lui le grand maître-chien devenu à son tour la chose de propre proie.

« Tu m’as ruiné comme un dealer le fait avec ses clients. Pour toi, j’ai tout quitté, j’ai tout balancé. Pour toi, j’ai anéanti ma vie, pour toi, j’ai sacrifié l’amour, j’ai sacrifié l’art, la paix, les horizons. Tu m’as réduite à l’esclavage, mes membres contorsionnés, ma peau brûlée par la force des coups. Pour toi, j’ai joui de souffrir, telle une junky de tes jeux pervers. Alors approche grand manitou, viens-là salopard !  Tu as emprisonné mes œuvres dans ta propre perversité ! Tu as réduit mon quotidien à tes jeux de salaud, m’abandonnant avant de me reprendre, pour me punir, pour te faire jouir, pour t’offrir la puissance et la force que ta cervelle de crétin ne possède pas. Tu m’as fait payer tes propres humiliations infantiles, tu m’as enfoncé de force dans ton esprit malade. Tu as fait de moi une serpillère, un paillasson sur lequel tu essuyais tes chaussures pleines de merde ! Mais le pire, vraiment le pire, c’est que tu m’as laissé seule des jours, des semaines. Tes ordres par SMS, tes demandes, tes interdictions. J’ai obéi à tout, je me suis mise à nue, je me suis défaite pour toi et j’ai retrouvé mes monstres à moi, ces putains de névroses que tu n’as fait qu’accentuer ! Elles sont devenues des psychoses, des petits crimes contre la conscience, contre ma croissance, contre ma capacité à grandir. Viens là gros salauds ! Viens que je te fasse goûté tout ce que j’ai détruit pour toi ! Viens grand chef ! Viens voir ta chose ! Viens lécher ma colère brûlante ! Viens ! »

Acculé, tremblotante, son corps musclé déchiré par les barbelés du piège, il soulève sa carcasse, les yeux couverts de larmes, le chibre dur comme de la pierre, il grogne, de douleur et de plaisir. « Je savais que tu allais venir. Je savais que tu punirais le vilain garçon qui t’a fait trop de mal. Extermine-moi ! Frappe-moi ! »

Elle le fouette du regard. Il entre dans le couloir en râlant de plaisir, les crocs métalliques lui cisaillant la peau. Il la dégoûte. Elle ne veut plus qu’une seule chose : qu’il rampe dans son propre sang… 

Œuvre de Dysto-Photographie. Work in progress. Projet final livré plus tard. 


 

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