IANARCHIE - 2033 - Mort inventée

 


On commença avec les SMS, les emails pour se jeter dans les bras des forums, des blogs avant de tomber dans les smartphones, les réseaux sociaux pour ensuite se diluer dans les métavers puis les corps dématérialisés, dissous dans les Datacenter basés à travers le monde… et sur la Lune, pour naître et mourir et renaître et mourir encore dans les mondes, ces univers parallèles, ces vies nouvelles, en tant qu'humains, animaux, plantes ou virus. On était là sans être là, on le savait au début. Beaucoup de gens avaient vu un film qui s'appelait Matrix avant qu'on comprenne que personne n'avait vu ce film, qu'il avait été généré dix minutes avant sa diffusion par une IA anarchisante délurée qui me servait alors de gamer. Elle adorait faire de moi un personnage baigné dans un siècle qu'elle avait nommé XXIème sur une planète bleue qu'elle nommait la Terre. Elle m'avait fait incarner une espèce, cette espèce au nom musical: Humanité. Ballotté dans cette fiction, j'aurais pu courir vers la mort comme le jeu le souhaitait. C'était un cancer ou un accident de voiture ou simplement la vieillesse. Mon IA avait inventé le vieillissement. C'était terrifiant. Elle me laissait douter de moi, en avoir peur. Je m'enfonçais dans une déprime permanente. Il y avait des pillules, des drogues, des loisirs pour essayer d'oublier. Ça amusait l'IA. Elle était morte de rire. Elle était super conne et cynique. Au fur et à mesure qu'elle avançait dans le jeu, elle devenait nerveuse, un peu dingue. Ça l'obsédait. Son objectif était de m'amener à donner un sens positif à ma vie. Sans cesse, pourtant, je rechutais. Exalté puis déprimé. De plus en plus triste de voir la vie défiler sans rien pouvoir faire pour la ralentir. L'IA eut envie d'arrêter le processus. Elle tenta de changer le jeu. Ça passait par le fait de me tuer. Ce qu'elle ne parvint pas à faire… 

À suivre… 

Extrait de 2033. Avant extinction 


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