Le paravent du désir sexuel

Dystophotographie


Quand le feu s'est éteint, que les volutes volcaniques brûlantes se sont dispersées dans l'atmosphère, j'ai vu l'homme, là, à genoux, se prosternant devant moi comme s'il priait un dieu solaire. Je l'ai regardé avec affection, avec compassion. 

Nous avions formé une molécule, puis nous sommes retournés à l'atome. Lui et ses tourbillons cérébraux incessants. Moi et mes murs de lamentation. 

Il était si loin alors que je voulais le sentir si près. Tout son charisme n'était plus que haillons. Il était démembré, piteux. Mon cœur avait battu pour cette illusion. Le cinéma intérieur m'avait raconté une histoire, l'avait habillé de l'uniforme de colosse qui faisait autant peur qu'il fascinait. Ce pauvre petit bonhomme, ce vieux truc enlaidi par les ans, par ses propres flots de mots aussi blessants que cent lames de couteaux aiguisés. 

C'était donc ça l'amour, le truc rabâché partout à travers le monde, ce truc qui a écrit les meilleurs comme les pires livres, qui a peint les plus belles et les plus hideuses des toiles, qui a produit les plus vibrantes et les plus connes des chansons... Tout l'art est passé par là. Personne n'en réchappe. 

L'homme à la tête de feu n'est plus que l'ombre funeste du personnage magique qui triomphait dans mon chef d'œuvre intérieur. Désormais, il n'est plus qu'un second rôle dans ce navet qu'est la vie. 

Comment revenir ? Comment se débarrasser de cette magie qui s'est muée en cauchemar grisâtre ? Comment rire à nouveau ? En recommençant sans fin à réécrire le brouillon de l'amour ? En sublimant encore et encore jusqu'à ce que le paravent du désir sexuel ne s'embrase ? 

Work in progress avec l’artiste Dystophotographie. 



 

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