En attendant la mort - CONFESSIONS INUTILES 3

 


Au-delà du fait que la vie a pris les couleurs d'une visio pixélisée permanente, l'époque ne ressemble à aucune autre. Comme très souvent, je suis connecté sur les réseaux. J'y travaille à la communication sur les parutions de mes livres, j'y exprime, de plus en plus rarement, des idées, opinions avec des statuts et j'y performe via diverses activités à la con. 

Récemment, au détour d'une conversation avec une dame, j'ai été saisi par le fait que mon esprit ne distingue pas l'année 2020 de l'année 2021. Un comme s'il s'agissait d'une seule et même année. Et bien sûr, cette impression est due en grande partie à cette période dite de pandémie qui a contraint chacun à vivre assigné à résidence ou dans le sillage de mesures restreignant profondément nos activités passées. Du moins les miennes. 

Les sorties se sont raréfiées ainsi que les rencontres. Cela a eu pour effet de créer un état mi-dépressif mi-marmotte. Ce cheminement mental a profondément transformé ma psyché, et je n'ose croire que je sois le seul dans ce cas de figure. En réalité, on s'adapte. Cela prend du temps mais on s'adapte et on finit par en prendre notre parti. 

La métamorphose est lente et continue. Après diverses crises, tensions, des phases violentes ou de léthargie, je suis sorti différent non pas de ces épreuves (il y a plus grave tout de même), mais de cette période transitoire contrainte. 

J'en avais déjà plus que conscience auparavant mais ça a été amplifié, je suis méchamment addict. Un addict convaincu, un addict con-vaincu, un animal psychiquement asocial mais organiquement social. L'arrêt des abus alcooliques se s'est pas traduit pas une sorte d'état de zénitude contemplative ou d'une réaction dépressive. Je m'attendais à vivre dans un état mental déchiré, entre ennui et sentiment d'être au bout de ma vie. 

Au contraire, je suis resté un addict. Un addict total. Mais ce qui m'encrait dans cet état, l'alcool, entre autres, n'a pas laissé un vide. Il a été remplacé par une autre dépendance, une dépendance qui date de mes plus jeunes années: l'écriture. Non que je n'écrivais pas lorsque j'étais drainer par l'alcool. Des livres parus témoignent de l'activité débordante dans le domaine. Mais maintenant, c'est pire. Bien pire. Je ne m'alimente plus psychiquement qu'avec l'écriture et la lecture. Lire, écrire, lire, écrire. C'est assez frénétique, puissant. Ma plume est moins canaille, certes, mais elle est plus précise, fine. Mon esprit clair est en capacité d'entrer plus en profondeur et me permet de bosser plus à fond les écrits en cours. 

Je mitraille donc. Un livre paru en novembre 2021 ("L'ablation de mon prépuce mental" avec Insolo Veritas), en décembre 2021 (réédition en poche des "Derniers Cow-boys français"), en février 2022 ("Douleurs fantômes" avec Dystophotographie et "Les adieux à la peau", un recueil de nouvelles), en mars 2022 (l'édition, enfin, de mon roman débuté en 2014, "In love with Alice Sapritch")... Pour la suite, un livre avec Pascal Dandois, un projet de livre sur la musique, la continuation de l'écriture de mon roman dystopique "Reine-Mère" dont la couverture sera flanquée d'une toile extraordinaire d'un ami artiste franco-japonais. 

Et d'autres projets encore. Plus de projets que le temps me laisse pour les réaliser ! Je solde les années passées pour me lancer de façon sonique dans l'écriture frénétique de nouveaux livres... En attendant la mort, dans les miasmes psychiques, politiques et économiques de notre monde en cours d'effondrement, je sors mon sable (Houssam) et me lance, toujours plus guerrier (Léonel), à la conquête du néant! 


Je vous avais prévenus que ces confessions étaient inutiles hein? 


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