Apeuré par la mort

 

Léonel Houssam



À quoi bon offrir une telle espérance de vie à tous ces gens qui détestent vieillir ? Ils courent derrière un passé glorieux totalement fantasmé, ils se ruent sans cesse sur ces souvenirs, ces vagues de nostalgie qui les submergent. Ils rêvent d'éternelle jeunesse, ils cherchent à refaire ce qu'ils auraient échoué. 


Tandis que d'autres, atteints de maladies incurables, ou emprisonnés dans des vies de terreur n'en appellent qu'à la vie. D'autres encore se satisfont de la chance qu'ils ont d'avoir un laps de temps donné à exister. 


Trêve de gesticulations oratoires. Les murs pètent dans tous les sens dès le premier instant où l'on crache son mollard pour pleurer sitôt extirpé de la boudine à la mère… On leur offre tout : la Terre, le ciel, les ténèbres, l'enfer et les paradis artificiels et ils ne cessent de pleurer sur leur sort. Le mollard craché à chaque jour que dieu fait. Tout le monde se selfie le faciès, tout le monde se scrute dans les miroirs, dans le reflet des vitrines, tout le monde veut exister dans l'iris de l'autre pour combler les vides, pour vomir ses frousses, pour tuer les monstres sous le lit, les diables dans le bide, pour arracher les boyaux d'un dieu absent… tout le monde se perd et l'âge n'arrange rien. Tel un vin qui mûrit avec le temps avant de tourner au vinaigre. Il est toujours trop tôt pour mourir quand on est apeuré par la mort. Rien ne peut y faire. Refuser de vieillir, se pavaner dans l'illusion d'être heureux, croupir dans une dépression qui ne dit pas son nom, jouir, jouir, jouir, jouir jusqu'à l'écœurement ! Chuuuutttt il y a du X X X dans l'air vicié…

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