Chroniques des Parallèles. 1

Chroniques des parallèles


Après trois ans d'écriture de mon journul intime, je passe désormais à mes chroniques des parallèles. J'y regarderai le monde de façon tout aussi acide mais avec une touche d'onirisme et de regard quantique en plus. Une plongée dans les milliers de moi-même. 


Après les goûts... J'ai les miens mais ça n'est pas une dictature sur ceux des autres. Je n'accorde à personne le droit de m'interdire de croire, aimer, m'attrister ou me mettre en colère sur toute chose, être, représentation, fable et endives à la sauce huître pourrie qui me plaira.


Et surtout, c'est une règle que j'applique à tous...


Celui qui veut m'imposer peut le faire à condition de me terrifier, me pousser à la souffrance hardcore, me coller la face dans une plaque de ciment liquide à prise rapide...


Parce que la romance de la vie, c'est cette limite que l'on frôle, cette frontière que l'on passe parce que l'on sait qu'on a déjà été mort.


Tout le monde le sait. Personne n'y pense... Me concernant c'est presque une obsession.


Comment se fait-il que je sois déjà mort au moins une vingtaine de fois alors que je suis toujours là.


Je sais qu'en lisant ces mots, vous vous dites que j'ai trop bu, trop fumé, trop sniffé ou gobé... Même pas... Ce que j'ai dit n'a strictement rien d'irritationnel. Ceci est une réalité quantique. Nous avons tous été vivants et morts à la fois. Nous le sommes en permanence. Tout comme nous avons tous été heureux et malheureux en même temps. Nous avons tous vécu comme des milliardaires et comme des pauvres humiliés en même temps...


Nous sommes tous nés après avoir été morts. Nous sommes tous vivants des tas de fois avant d'être morts à jamais... Nous sommes tous les états à la fois.


Et la fenêtre se referme sur vous tous tandis que sur le dessus de lit en velours synthétique, je balade mes guiboles boursouflées par la chaleur, les opérations et l'alitement prolongé sur ce tissu industriel, en savourant cette dinguerie doucereuse d'un débile offrant ses vidéos de massacres de rats dans la ville, sur l'écran plat fixé à l'angle du plafond et du mur de la chambre du motel.


J'entends que ça clapote dans la baignoire. La porte est légèrement entrouverte. Une jambe mousseuse s'étire à la verticale derrière l'email de la baignoire.


Le footing sous un cagnard vulgaire et agressif en plein après-midi aurait dû avoir raison de mon cœur.


Échec.


Je suis mort sur le bord de la route. Et je suis parvenu à ne pas mourir sur le bord de la route. L'un de mes autres moi s'est effondré. Le moi maintenant s'en est sorti.


L'eau jaillit à nouveau. Le robinet à fond semble-t-il pour réchauffer l'eau de la baignoire. La jambe immaculée et pliée sur le rebord. Sous le néon de cette salle de bain crème lardée de canyons de moisissures noires.


L'autre éclate deux rats avec une planche à clous faite maison. Il a des petits boutons tout rouges qui pullulent sous son menton. Ça me gâche le plaisir. Sans compter que je sens dans ses commentaires pseudo diaboliques une vitreuse façon de camoufler sa vie de sale petit bourgeois qui s'emmerde.


Ça fait des clapotis dans la baignoire. Il râle. Il trouve qu'il s'est mal épilé. Je me trouve assez bien gaulé en slip. Ma verge est assez gonflée là-dessous pour se promener jusqu'au milieu de ma cuisse droite.


L'autre moi déjà mort ne le sait pas. Moi je le vis. J'ai juste envie de siroter encore un peu de pastis avant de lui attraper la main et le jeter de force contre mon corps.


Extrait de "Chronique des parallèles"
 

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