Des petites vergetures de la vie - Chroniques des Parallèles 5

Leonel Houssam

Je ne demandais qu'à m'en moquer, m'en foutre littéralement des petites vergetures de la vie, les soucis, les tracas, les longues traînées d'emmerdes en colimaçon dans ma psyché. C'était la seule et unique raison de vivre pour ma viande. L'Encombrer des bulbes relationnels, du cataclysme des uns et des autres qui submerge l'esprit pour le rendre fielleux.

C'était ainsi jusqu'à ce que je comprenne que je n'étais qu'une version de moi, une parmi tant d'autres. D'autres qui avaient chuté quand je m'étais relevé. D'autres qui avaient gagné quand j'avais tout perdu.

En me gavant sans relâche de lectures scientifiques, en me remplissant de mes propres rêves chaque matin, j'ai pu éclater l'entité que je pensais être, ligotée dans un monde, sur un wagon à charbon traçant son chemin jusqu'au fond, à la lisière du coup de grisou.

Passé de petite chose unique et pathétique, denrée gourmande pour cette dimension faite d'un monde en démolir, j'étais soudain devenu un million de possibilité de moi-même.

Ma gangue organique m'empêchait pourtant d'être ces milliers de moi. Rien que je puisse souhaiter de faire en dehors du Tout-Tracé ne pouvait avoir lieu.

Et c'est pourquoi je suis là. Moteur grondant. Mains sur le volant. Prêt à foncer à plus de 150 à l'heure dans ce mur en béton armé situé tout droit à près de 800 mètres de distance. Car je le sais, dans moins de 5 minutes, quand je me fracasserai frontalement, que mon corps sera broyé par la taule éclatée de ma bagnole, je serai libéré, enfin campé au seuil des milliers de chemin que toutes les dimensions des autres moi pourront m'offrir.

Je n'ai pas à regretter ma vie puisque je vais accéder à 100 000 autres. Tant pis pour le moi de l'instant et tant mieux pour les moi qui vont m'accueillir. Enfin...

Chroniques des Parallèles 5

 


 

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