Insatiable envie de mener des vies de cons. Chroniques des Parallèles 4

 
Chroniques des Parallèles

J'ai bien sûr rêvé de nombreuses fois que l'Homme détruisait son propre habitat, qu'il le réduisait à l'état de cendres. Je l'ai même souvent pensé. Dégoulinant de prétention, assoiffé de confort, il mettait une énorme rouste à la nature qui le nourrissait pour pouvoir griller sous le soleil-assassin, le cul flétri sur une serviette de bain, motif palmiers et plage de sable fin. Ses désirs d'apéro au bord d'une piscine en forme de paire de couilles à l'eau bleue percée de lumières orange. Face à un coucher de soleil sublime, des silhouettes croustillantes se déhanchant sur des musiques sensuelles. Son envie insatiable d'orgasme dans chaque recoin de la planet earth, de bonnes fessées, une bonne clope après la jouir, les douches italiennes, les lits king size, les randos sur les glaciers de plus en plus rachitiques et le beau bungalow 4 étoiles léché par les flammes voraces d'un méga-incendie. Les parties d'échec et Musk pour vivre sur Mars, se coller la carcasse dans une station lunaire sous un cagnard à 120 degrés sur la face visible, au bord d'un cratère fabuleux, vue sur la Terre cramée comme un œuf au plat oublié sur la plaque. 


Tout ça n'est bien sûr que pure fiction. Ici, après la porte 4, l'Histoire est toute différente. Des ogives ont bien été tirées depuis Cuba en 1962… Il fait plutôt frais en été. Les manants s'entassent devant la porte d'acier du château-bunker du seigneur. Ils attendent qu'on les fasse entrer. Ils supplient pour être élus au supplice. Et bien sûr, sans savoir pourquoi, je suis devant. Quand la porte s'ouvre, un énorme type en robe moulante en cuir impeccablement cirée, mules à talons et kalachnikov amarrée à l'épaule gauche apparaît, me fait signe d'approcher puis m'ordonne d'entrer. La lourde porte se ferme. Le sas d'entrée est immédiatement plongé dans la pénombre. En empruntant le long couloir éclairé par des néons bleus, je regarde ces portraits d'androgynes nus musclés à l'extrême. 


On me dit de me déshabiller dans une salle d'environ dix mètres carrés. Mes jambes tremblent. Le gardien me demande d'entrer dans une salle de bain rudimentaire. “Lave-toi bien de la tête aux pieds et surtout tu te couvres de ce parfum de mimosa une fois que tu auras terminé.”


Quand je me réveille. Mes cheveux sont encore mouillés. Étalé sur le sol d'une chambre juste équipée d'un lit. Les douleurs me saisissent. Mon anus, mon bide sont en feu. Mes deux bras sont brisés, chaque humérus a percé la chair. Je nage dans une mare de sang… Impossible de rester conscient plus longtemps. 


La molaire me fait mal quand je mâche mon kebab. Sur chaque biceps, une énorme cicatrice. À la télé, ils donnent des consignes pour survivre aux températures de 48 à 50 degrés qui frappent le pourtour méditerranéen. Ça pue la fin. Qui aurait cru que nous finirions consumés par notre insatiable envie de mener des vies de cons ? Je rêve d'un retour en hiver nucléaire et me faire démonter par un seigneur psychopathe… 

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