Admirer l'accident - Chroniques des Parallèles 18

 
Léonel Houssam

Doucement je me suis retiré de l'arène pour m'asseoir dans les gradins et admirer l'accident. Toujours sous un soleil de plomb mais assis, posé, dégoulinant de sueur pâteuse.

Ces petits lambeaux de chair et ces coups de massue ne m'émeuvent plus vraiment. C'est ainsi. C'est tragique mais c'est ainsi. D'un côté les cris de "solidarité" par des bordéliques psychiques déphasés par la Teknocalypse, et de l'autre, l'obsessionnelle sécurité portée par des déglingués de l'ordre rongés par la Teknocalypse !

Mon chapeau bien vissé sur la tête, j'affronte le cagnard pour les regarder s'écraser les uns contre les autres, dans ce fatras d'armes de guerre, de drapeaux, d'amulettes religieuses diverses, d'écrans éclatés, de canapés déglingués, de frigos défoncés... Ça pue l'essence, les couloirs d'un hôpital, le sang métallique, les muscles rongés, la bouffe en barquette, l'alcool, l'herbe et les antidépresseurs...

Ce beau spectacle que je ne me lasserai pas d'admirer jusqu'à l'extinction des feux définitive est de toute façon le seul qu'il m'ait été donné de voir...

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