Dans le dindon de la boudine - Chroniques des Parallèles 33
Le dindon dans la boudine, j'ai levé les bras, et secoué ma vieille gueule. Faut savoir que j'en ai vu des vierges, des trop mûres et des rebelles à deux balles. La junkitude, le bolet qui pue dans la bouche, le nibard flasque et la coui-lle rétractée, j'en avais déjà bien assez soupé... Je subissais l'air conditionné shootée à la poussière et le son techno hardcore archi entendu depuis 30 ans... Vieux con.
Elle avait juste une belle gueule et la jeunesse pour flatter mon ego. Dans le dindon de la boudine... J'étais à la retraite du cul et du cool depuis 20 ans et voilà que le smurf de sa danse aussi kitch que kiffée par sa dé-générarion s'est imposé à moi. Et moi évidemment j'ai remis le boule en marche. Tellement que dans les spots-leds de ce trou à rats, j'ai repris la main... On a commencé à gesticuler ensemble. Putain j'étais jeune. Putain elle traînait sa bouche près de la mienne dans le dindon de la boudine. Putain de drogue. L'alcool. Les douleurs de vioques qui se barraient... J'ai déhanché... La pulpe des lèvres mélangée... Le son, la petite vapeur, les fumigènes. J'allais me faire su-cer dans les chiottes cradingues de cette boîte à déboîtés d'école de commerce, rebelles à 2h00 du mat', endettés ou gosses à papa/maman pas encore finis... L'daron chauve, le dandy sans style, "j'paie j'paie!"
En tout et pour tout j'avais 15 ans, la boule à facettes, le dindon de la boudine, la défonce, l'envie, j'avais mal à la gueule mais les yeux bridés par la défonce, je me suis frotté dans le coulis de sa silhouette sexy, je perdais pied, je mangeais l'horizon, j'étais con, j'étais le plus beau des crépuscules... Que les guerres ravagent le monde, j'étais la paix...
Et elle me suça dans ma caisse. Parce qu'à cette heure-là, je n'avais pas une voiture, j'avais une caisse... La coke, les splifs et les dizaines de pintes... Elle parlait sans qu'une seconde je puisse distinguer son visage. Ma West end. Girl grillée de la vie. Au mieux j'étais potentiellement son daron, au pire j'étais son papy... Le pendule délirait, elle voulait se débarrasser... J'avais ch-ié dans mon froc, mon foie jaune n'avait pas supporté cette pilule acide et jaune qu'elle m'avait glissé dans le gosier. Je puais la merde et la bi-te escargot...
Elle s'enfuit avec sa gueule de dégoût. Dans le dédale du dindon de ma boudine, je pris la route, déchiré, pour nettoyer la fiente gélatineuse qui avait réussie à pourrir le fauteuil conducteur de ma caisse...
Dans le dindon de ma boudine, allongé sur la plage au sable froid, je fixai une ultime aube orangée. Avant d'aller me doucher...
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