Ce film où le méchant découpe tous les membres d’un gentil
L’Univers est bien trop précis pour être vrai… Il ne devrait pas être aussi exact. On ne devrait pas pouvoir en découvrir toutes les équations.
Enfant, je restais des heures à regarder les étoiles à travers la fenêtre de ma chambre. Plutôt que de dormir pour subir mes rêves, je restais éveillé pour les fabriquer moi-même. C’était quelque chose de très étrange, très éloigné et mystérieux tout comme c’était une infinité familière; un ventre dans lequel je me sentais en sécurité. Accompagné de Kiki, mon clown-ami, je chuchotais sans fin, je questionnais, je plissais les yeux pour distinguer des étoiles moins vives que les autres. “Que se passe-t-il ? Es-tu une nébuleuse ? On dit que c’est là que les étoiles naissent.” On parle de couveuse… Plus tard, j'ai appris le terme de cœurs protostellaires. Tant de poésie dans les mots employés pour qualifier l’au-delà de notre atmosphère… Je baignais dans ces nuits où s’inscrivait le dôme de notre planète. Tout se confondait. Les mots Dieu et Univers, les mots de Seigneur et de Voie Lactée… Aucune foi n’était fausse. Chacune était en réalité la traduction de cette immense chose qui ne servait de toi. “Tu pourrais réaliser les voeux ? Tu peux nous écraser comme un escargot entre deux grosses mains ? Tu peux nous transformer en géant ?”
C’est maintenant incohérent toutes ces cohérences. J’y pense maintenant que je vois de nouveau les nuits parfaitement étoilées. Une nappe toxique qui cache la vérité. Si tout cela n’est qu’une grande farce, que tout ce décor n’est qu’une prison de mensonges. Après tout, nous regardions des meurtres atroces dans des films, des reportages, … Nous regardions ça avec beaucoup d’émotions mêlées à une indifférence complète… les doigts sur l'anse d’une tasse de thé, ou dans un paquet de bonbons colorés et acidulés, absorbé par ce film où le méchant découpe tous les membres d’un gentil capturé avec brutalité. Ce sentiment de vengeance qui survenait, accolé à la peur, et qui sifflait dans nos pensées les plus primitives. La collaboration avec celui qui vengeait l’injustice, vautré sur un canapé, sous la lumière douce qui arrosait le salon. La délicatesse d’un corps relâché, apaisé, d’un regard captivé par les images et les sons extra-dimensionnels. Ce moment suspendu du corps, comme dans le sommeil, pendant que l’esprit barbotait dans le scénario sanglant d’un film à suspense. C’était savoureux… Si savoureux que nous avons expulsé nos esprits hors du corps, de la nature… Nous les avons livrés complaisamment à la machine…











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