Fast World, slow dépression
La fast-oppression, la fast-injonction, la fast-doxa, la fast-foi…
Il n’y a qu’une chose qui vaille dans ce gros moteur à explosion qu’on appelle le techno-capitalisme : c’est la vitesse.
La religion du vite, de l’approximatif, de la philosophie à la taille d’un tweet, au format d’un réel…
Vite, vite, vite.
La fast-nation, avec l’obligation de se sentir patriote d’une nation qui s’est construite, détruite, reconstruite, recomposée, décomposée — tel un organisme foireux qui aurait la même totalité qu’un corps.
Fast-anarchie, fast-politique, fast fast fast… tout est fast, jusqu’à la surchauffe.
Les fast-RIP, les fast-infos qui fastent les autres fast-infos. La fast-analyse.
L’informatique, Internet, la numérisation de toute chose, la “démocratisation” de l’accès à des petits terminaux omniscients, omnipotents…
Les IA qui dispensent de chercher, de se perdre, de raisonner, de douter, de prouver… Fast. Trop fast.
Fast-éducation, fast-médecine, mort foudroyante de l’esprit, le cerveau réduit à l’état d’utilitaire du présent.
La fast-immédiateté, les fast-raccourcis historiques, la fast-spiritualité…
Tout n’est que vitesse — de vitesse qui doit aller de plus en plus vite.
Ça suit, ça suit pas, peu importe.
Il faut que tu sois fast, que tu trouves le fast-sens à ta fast-vie.
La fast-négociation, histoire de tuer la négociation.
La fast-illusion d’un monde meilleur.
La fast-nostalgie : c’était mieux avant, on avait des Simca sur la Nationale 7 et des pique-niques saucisson-pinard.
Fast-cétait-mieux-avant, fast-changement de sexe, fast-tatouages…
Fast, c’est fat, c’est lourd, c’est chiant, c’est démentiel.
Les IA accélèrent la fast-société pour gagner fastement beaucoup d’argent, pour fastement tomber plus vite, pour fastement briller à l’instant Fast-T.
Fast-gains de productivité, fast-contrôle de tous et de chacun, fast-censure, fast-névroses, oui…
On mourait de famine, de guerres et de catastrophes — on en meurt encore, mais fast !
Même la procrastination est devenue fast ! Remettre à la minute d'après ce qu'on pourrait faire en cette minute !
Fast-info sur les milliers de morts dans telle guerre, fast-breaking-news sur le cyclone catégorie 5 qui a rasé tels quartiers pauvres, tels pays ravagés…
Fast-bourse, fast-cracks, fast-optimisme, fast-démocratie, slow-dictature.
Parce que le slow, c’est réservé à la fast-élite.
Fast-baise et slow-solitude.
Fast-management, fast-performance, et slow-déclassement.
Fast-dépression et slow-répartition des richesses.
Fast-économie et slow-précarité.
Dans le fast-monde, chaque jour, certains s’élèvent et résistent pour une slow-vie, un temps de slow-moments conviviaux, de slow-sensualité, de slow-journées.
La slow-misère harcelée par la fast-fortune.
S’il n’y a plus qu’un combat à mener, c’est celui d’un monde slow contre un monde fast.
C’est impératif — et urgent — de stopper le fast pour réhabiliter le slow.
Et tout le monde se sentira fastement mieux. La fast-culture face au slow-underground.
N'est-il pas temps d'entrer dans la slow-résistance et faire en sorte que le fast-collapse s'achève dans la slow-extinction ?
Je vous laisse le temps d'y réfléchir...











Commentaires