Des vertiges presque douloureux


 ➡️Il n'a pas fallu plus d'une demi-seconde pour que je perde tous mes repères. La nuit devint le jour. Au murs succédaient d'autres murs identiques. Comme le téléphone que l'on raccrochait après avoir dit un "Je t'aime" timide teinté de désintérêt. À en devenir fou, perdu, ici sans être ici, la calotte glaciaire fondue, les sciences disparues, les murs succédant à d'autres murs et ainsi de suite sans que je ressente le temps, sans que je subisse l'espace, sans que j'ai besoin de me réveiller après un rêve. Tout était différent et identique, tout était confus, pénible à respirer, provoquant des vertiges presque douloureux. Quand un mur ne fut plus suivi d'un autre mur. Quand enfin le checkpoint, une cahute en bois entourée de barbelés. Et quand les gardiens fourbus prirent trente secondes de leur oisiveté pour regarder et tamponner mon sauf-conduit et m'ordonner de filer tout droit, dans ce capharnaüm d'arbres, de routes déglinguées, de maisons détruites, de cadavres de voitures. Il me semblait avec pris dix ans de plus en pleine face. J'étais là. Je me tournai et ne vis rien d'autre qu'une plaine aride grouillant d'asticots, de moustiques et de guêpes agitées. Plus de checkpoint. Plus de murs précédent d'autres murs. Il n'existait plus qu'une direction. Face à moi, dans la lumière froide d'un ciel troublé par un voile léger de brumes chaudes.

Commentaires

Articles les plus consultés