Problèmes de cité
Désolé, je vais encore en choquer
et en froisser certains. Mais quand on peut faire chier les gens dans leur
petit confort moral et matériel, pourquoi se priver ?
Longue conversation hier avec un
mec de mon âge, vivant en banlieue comme moi, quartier populaire (selon les
planqués des centres villes), quartier chaotique, sans flics, sans République
(selon nous les habitants), sur son passé au Liban, quinze ans dont une grande
partie durant la guerre sanglante qui pulvérisa ce pays. Je lui parlais de ces
bandes de raclures qui peuplent mon trou à rats, les quatre mois d'enfer vécus
l'hiver dernier pour les foutre dehors sans l'aide des keufs, sans qu'un seul
trou de cul de la république y compris le maire ne bouge le petit doigt. Il me
parlait calmement, le corps robuste, le regard bienveillant : "Au Liban je
me sentais plus en sécurité que dans mon coin aujourd'hui. Là-bas, tu savais
éviter les endroits dangereux, tu savais où étaient les racailles : ou mortes
ou dans les troupes militaires. Ici, je me suis fait choper par dix mecs en bas
de chez moi parce que je leur demandais d'arrêter d'hurler et de mettre la
musique à fond. Ils m'ont coursé et savaté. J'ai des enfants qui ne peuvent
plus dormir le soir. Et je me fais savater. Un truc qui ne me serait jamais
arrivé au Liban. Je suis donc allé chez les flics. Et là le policier me demande
: "Vous n'avez pas de grosses blessures. Y'a-t-il eu des propos sexistes,
homophones ou racistes contre vous ? Sinon on ne peut rien faire pour
vous". J'ai dit qu'il y avait eu des propos racistes comme je suis
libanais mais le policier m'a dit : "Si ce sont des personnes originaire
d'Afrique noire, on ne peut pas retenir le motif d'insultes racistes".
J'étais effaré. Les mecs ont le contrôle de la rue. J'aimerais bien partir mais
tu es comme moi, on n'a pas assez d'argent pour prendre un logement plus
tranquille qui coûte un bras de plus "
Voilà c'était un moment agréable
entre gens que les médias nous disent : " Non c'est faux ! Vous faites le
jeu du front national ! Limite c'est facho de raconter ce que vous vivez ! Tout
va bien en banlieue ! Ces jeunes sont comme ça parce qu'ils sont les victimes
du fascisme de la république. Le vivre ensemble c'est merveilleux ! "
Nous sommes la poussière sous le
tapis de la société médiatique, bourgeoise et gauchisto-classe-moyeneuse. Mais
c'est pas grave, cette société va le payer très cher... Dans peu de temps.
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