La seule alternative à l’Humanité actuelle, c’est sa disparition.



Il n’y a pas un déficit démocratique qui gangrène notre société. Il y a une absence absolue de conscience et de revendications contre le capitalisme global qui prétend maîtriser l’ensemble de la planète. Et même s’il y a contestation, cela est généralement pré-écrit par ce même système. Ainsi, lorsque les partis dits populistes s’insurgent des flux migratoires massifs de migrants (qui sont une réalité) et souhaitent que l’on dresse des barrières hermétiques contre ces flux, ils ne contestent jamais le capitalisme, du moins jamais dans ses fondements.
Les flux migratoires, tout comme les flux de marchandises, les flux financiers, les flux d’informations (et/ou communication/propagande) sont les piliers de ce système global. Ce n’est pas le déficit de démocratie qui est le problème ou la conséquence du problème, c’est le capitalisme mondialisé, interconnecté et triomphant. Ces flux sont estimés, chiffrés. Prenons l’exemple de la supposée générosité d’Angela Merkel. En fait, l’Allemagne souffre d’un déficit démocratique d’une part (provoquant par exemple un risque de dégradation du système de retraite et de santé), et de la nécessité d’une baisse du coût du travail face à ses concurrents asiatiques (pour résumer de résumer !). Et bien un million de migrants est un appel d’air massif pour l’économie allemande, ses entreprises, ses multinationales, ses actionnaires. De même la Suède qui a fait un bon économique exceptionnel en 2015 du fait de l’entrée de dizaines de milliers de migrants dans ce pays.
En réalité, nous pourrions contester à l’infini, voter contre, cela ne changerait rien. Le système capitaliste global se déplace et contourne, voir englobe et absorbe toute rébellion. Le point d’orgue est internet, la connexion globalisée qui neutralise toute velléité contre le système. Même si une minorité est consciente et même parfois agissante, le capitalisme global et interconnecté court-circuite toute tentative de sabordement. Les idées dites populistes (racisme sous-jacent, discours européiste mystifiant le passé envers et contre toutes les réalités historiques, mais aussi pseudo-démocratie directe, etc.) sont surtout la conséquence d’une perte de l’influence dominatrice, violente et destructrice de l’Europe des trois derniers siècles sur le reste de la planète. Le Capitalisme (et ses élites) (autrefois basé sur le Vieux Continent) s’est transformé, s’est déplacé, a épousé les courbes de la contestation, et même, il l’a guidée. Car les idées dites populistes (on entend souvent des extrêmes-droites, mais parfois on parle aussi en ces termes des extrêmes-gauches) sont le fruit de réactions, d’adaptions dont le capitalisme fera son affaire. Tout est business. Tout est interconnecté. L’important, c’est le marketing (il n’y a qu’à regarder le discours de Marine Lepen largement marketé lui permettant une réelle conquête de voix jusque-là hésitantes).
Les partis dits populistes qu’on assimile à tort au fascisme « traditionnel » sont en fait un segment économique comme un autre. Ils ne réclament pas l’arrêt de la société de consommation (qui nous détruit à une vitesse hors de contrôle actuellement) mais la redistribution des « richesses » et une conservation de valeurs dites traditionnelles (qui se résument surtout à manger des produits industriels estampillés « Du terroir », en aucun cas un retour de 80% de la population au travail de la terre avec la misère noire qui va avec, pas plus qu’il n’y a de grand retour fervent dans les églises catholiques de cette France de culture dite judéo-chrétienne et encore moins une remise en cause de l’égalité homme/femme réelle pourtant la base de la société française des siècles précédents) … Ils ne contestent pas le capitalisme global, ils ne revendiquent pas sa destruction. Ils veulent une redistribution de son usufruit ou de son recentrage sur les classes populaires et moyennes européennes. Cette revendication est déjà gravée dans les tablettes de nos dirigeants (Le capitalisme ne s’est pas effondré en Pologne ou en Hongrie et ne s’effondrera pas non plus en Grande-Bretagne où pourtant les partis dits populistes, dits anti-establishment, dits nationalistes règnent en maître).
Une autre frange de la contestation est sans doute celle qui est le plus au cœur du système : les « alternatifs » occidentaux qui peu à peu conquièrent le cœur d’une classe bourgeoise des villes très sensibles aux questions de l’environnement. Retour à la nature, nourriture bio, énergies renouvelables, véhicules « propres », etc. Cette partie ne conteste pas en profondeur le capitalisme. Elle lui ordonne de s’adapter pour éviter, du moins juguler la catastrophe mondiale, économique, environnementale qui est en cours. Elle souhaite un peu de régulation façon Keynes dans les rouages du néo-libéralisme et transformer le régime en éco-capitalisme (pire qu’illusoire, ce régime est sans doute le stade le plus avancé du néo-libéralisme). Les villes, surtout les centre-ville semblent suivre un tracé vers le mieux vivre. Chacun, hyper-connecté se nourrissant de culture, de mets sains, d’activités sportives et de loisirs, veut changer la ville… Mais aucun discours sur les circuits mondiaux de production. La dégradation environnementale s’accélère, les usines délocalisées dans des zones où la pauvreté et l’absence de revendications sociales combinées à des régimes autoritaires et dictatoriaux détruisent toujours plus à l’instar des zones industrielles implantées en Europe dans le même type de zones aux XVIIIème, XIXème et XXème siècle.
Bref. Tout cela pour dire qu’il n’y a pas déficit de démocratie (il ne faut pas la résumer au seul fait de voter dans un isoloir ou "débattre" sur des places publiques entre personnes d'accord. Omettre ou refuser de dire qu’il existe une liberté quasiment totale d’expression en France ou dans les pays voisins via les réseaux sociaux essentiellement est une posture un peu trop confortable - à laquelle je cède également trop souvent. Ce que je dis ici ne sera interdit par personne que je sache non parce que c’est lisse et banal, mais parce que ça n’aura aucun impact immédiat sur le système et que cela ne sera lu que par vingt ou trente personnes tout au plus) mais bien déficit de contestation radicale du capitalisme et son corollaire, l’absence de proposition d’une alternative acceptable, « entendable » par des occidentaux totalement incapables (à raison je pense) de sacrifier le confort que leur offre le capitalisme.
Ma conclusion sera plus radicale, et je la défends depuis deux décennies. Il n’y a qu’une seule alternative plausible à ce système : c’est ce système qui s’effondrera de lui-même (qui a déjà commencé ce processus en Europe et aux Etats-Unis depuis les années 70-80 et qui ne pourra se développer de la même manière ailleurs du fait de la destruction massive de l’environnement mondial). L’alternative est simple. Pour les privilégiés qui me lisent : observez, regardez, continuez à consommer et si vous croyez en Dieu, priez pour qu’il ne vous fasse pas découvrir une arrière-boutique bien pire que l’enfer. Si vous ne croyez pas en Dieu, ouvrez les yeux : l’Humanité n’est pas une alternative à l’Humanité. La seule alternative à l’Humanité actuelle, c’est sa disparition.
Ma tétralogie « Avant Extinction » (en cours d’écriture) expose cela avec beaucoup moins de pincettes que je viens de le faire plus haut… A très bientôt, s’il n’est pas trop tard.

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