Il est vachement bien pour son âge - Chroniques des Parallèles 19

 C'est fou comme le corps, la peau de la gueule, la démarche, les os s'effondrent après 50 balais... Surtout quand on a "profité de la vie"... Chaque semestre vaut une année d'avant. Et ça s'accélère...

Ces putains de salopes de cellules programmées d'avance n'ont pas résisté au régime cul sec que je leur ai infligées. Ça me rappelle "La peau de chagrin" de Balzac que j'ai lu quand j'avais 14/15 ans... Au-delà de l'histoire, la métaphore m'avait tellement marqué que je m'étais promis de mourir avant l'âge de 40 ans. Pour se faire, j'ai tout fait pour m'éliminer, me réduire à l'état de cendres...

Seulement mes cellules, ma pré-programmation naturelle se sont mises en tête de résister à mes abus envers et contre toutes les injustices. Injustices parce que des enfants meurent de faim, de maladie, de bombardements. Des adultes sont assassinés parce qu'au mauvais endroit, sont frappés par des handicaps massifs, des maladies létales alors même qu'ils se tiennent bien, ne comettent rien qui puisse les mettre en danger, de mettre en danger autrui.

Injustice.

Alors voilà. Mon corps et une partie de mon esprit m'ont permis de passer le demi-siècle parce que tous les poisons que j'ai entrés dans mon corps ont reçu une résistance sans borne d'un organisme que je ne pilote absolument pas.

Désormais l'horloge de la vie défile. Je suis encore là. Dans six mois ou dans 1 an, je ne serai peut-être plus là. Ça se voit sur ma gueule, dans ma démarche, ma façon de vivre, ça se voit. C'est maintenant que je peux essayer de devenir un "il est vachement bien pour son âge". C'est le moment pour continuer à vivre ma promesse de quand j'étais jeune adulte : le seul avenir qui existe, c'est le présent.