Polo mise un kyste et une verrue par Léonel Houssam | 15 septembre 2011

Ils ne vendent pas les surlendemains, c’est à peine s’ils achètent des échantillons d’aujourd’hui… Vivre, dit l’autre, c’est manger un morceau de pneu, tranquille pénard, allongé sur la cagette posée dans la boue la bine à la main aussi, je ne répéterai pas, un collègue dit en riant « ah ouais ça me rappelle Camping 2, à un moment y’a le mec qui… », Ta gueule, on ne rit pas, les mains dans l’eau sale, la sueur belle sur le dos dénudé d’Amanda, la calcul, la croupisse, la Raymonde à vieux con… Comme l’Amazone défile, ses eaux noires, ses pieds plats plongeant imberbes dans ses miasmes. Libre, halluciné, habillé des carcasses de boutons, de furoncles, de plaques rouges et rose irritantes… « Je mise un psoriasis et deux abcès… Et toi Polo ? ». Il pleure depuis une heure, n’a pas supporté la mort du Pape. « C’était le dernier, le tout dernier avant l’Apocalypse ». Tout le monde copie tout le monde. « Y’aura un Pape islamiste bientôt et des Lepénistes internationalistes ». Nous flottons, la fist, la mort, la ruine, hein ? La fume, les morts, les odeurs de puanteurs, la ramasse, la fils à papa qui conduit le Mercédès à Daronne. A rime morte, un coup d’éponge, à revanche terne, un hachoir à merde. Nous abattons nos cartes ; « C’ETAIT MIEUX QUAND ON AVAIT DES CONNEXIONS ! ». Boîte intérim, un poiscaille saute dessus la surface, fait le branleur, tortille avant de se faire démonter par un bec d’une sorte de buse… Bang. « On n’y arrivera jamais, on n’ira jamais dans la fosse à merde. Pourquoi t’as accepté de venir ici hein ? Pourquoi t’es pas restée à Marseille, signe-là ils disaient t’es embauché t’es payé t’es riche humilié viré »… j’avais signé, la route de Spartacus ne mène que la crucifixion, signe en bas, le sésame ducon, c’est pas un contrat de travail, c’est un contrat de baise à vie, voilà la vie, vulve et vit, ventre verge, flamme folle sans la frousse… Ils flippaient du chomedu, puis au chomedu, ils flippaient de retravailler, se faire agresser, tomber malade, chuter SDF, divorce, dépression, les belles baskets roupettes neuves et la bouffe grasse pour compenser. On commençait la clope pour pallier le stress… On devenait dépendant, aux jeux, l’alcool, fric, connexions, trajets en bagnoles, bouffe de merde… Vivre façon accélérée… Même un soldat dans les tranchées dormait comme un bébé, même la jambe arrachée, il souriait, courrier envoyé, face déchiquetée… On n’avait peur de trois merdeux blacks braillant dans la rue, on se mangeait de trouille, tiens, quand le policier se penchant au-dessus de la vitre baissée, blessés dans notre orgueil, la parlote lessivée par l’affolement. La flic n’était pas si laide avec ses yeux décorés de Rimmel… Larcin, excès de vitesse, pipe en pleine air avé Rire et chansons à fond ! Polo mise un kyste et une verrue… La partie est bien engagée…

Léonel Houssam
 

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