Des mollets bombés de footballeux du dimanche | 20 juin 2012

La journée passa à la vitesse d’une larve. Une blinde de douleur dans le crâne et les poumons asphyxiés par les microparticules toxiques, la poussière et un cœur sans doute bien abîmé/d’abus. Dès que je quittai ma machine, j’allai m’enivrer avec les autres ouvriers des équipes du jour. Et après trois gorgés d’eau de vie, un troll défraichi nommé Sébastien lança les hostilités :
« On se fait chier sans télé, les crans d’arrêt, l’écran d’art est éteint, tiens le retour des séries, c’était bien ça hein ? On avait la télécommande et hop ! En route pour les massacres et les recettes de cuisine. Un filament de jus de bière au bord de la gueule, et on mouftait plus, on se rassasiait, qu’est-ce qu’on aimait ça. Tiens moi, j’aimais bien les pubs pour les numéros de téléphone rose, avec des filles bien belles et vulgaires comme il faut, qui ne demandaient plus que ta maille et ton sperme. Hein. C’était la nuit. Mais les dames météo c’était la même chose. C’est comme leurs histoires de parité, moi j’étais pour. Comme ça on voyait encore plus de gonzesses, des p’tits culs, des gros culs, des nibards, c’était mieux que des costards cravates et des mollets bombés de footballeux du dimanche, nan ? Finalement, on en faisait tout un plat. Mais regarder la télé, c’était tout ce qu’on était bon à faire. La guerre, c’était des missiles et des drones qui s’en occupaient, des fois des mecs sans diplôme assez cons pour croire que militaire ça faisait encore héros. Je dis ça parce que j’le pense, parce que de toute façon, même courir après un ballon, c’est plus glorieux, mieux payé et ça t’attire plus de salopes que de t’échiner à faire des statues de la liberté ou de prendre la tête d’une révolution ou d’une cause humanitaire. Des hypocrites, voilà. Des lâches. On s’est laissé mener par le bout du crédit, on a lâché la bête et elle nous est revenue à la gueule. Maintenant, on est là, on fait les révolutionneux de comptoir, juste bons à se branler sur une page de lingerie comme des gosses des années 80. Nan mais tiens, on a le cerveau brûlé et le courage encore défoncé par l’espoir, tu vois ! MEC ? L’ESPOIR MON CUL ! »… Puis ce gros Sébastien se retourna et colla un pur coup de boule dans la gueule d’un type maigrichon qui se foutait de sa tronche dans son dos.
Malgré le choc et le son du nez qui pète, je ne pus retenir un rire de bon cœur…

Extrait de Mon Usine, la suite…
Fin de la partie Liam. Chapitre suivant !

Andy Vérol

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