Extirpé/éjecté | 01 juillet 2012

Extirpé de là extirpé de la rotonde extirpé de la manivelle extirpé de l’écho… Extirpé de l’écho. Rentré dans le mur. Extirpé de l’air, de la rotonde, extirpé de la folie joyeuse, de la 504 grise, extirpé de la tente, des légumes, extirpé de la viande, extirpé de la R15, de la Tata, extirpé de Malik, de Bertrand, extirpé des déchets, recyclé, reconverti en bouteille en plastique, extirpé de l’alcool, du lit, extirpé des taches de pisse, extirpé des gouttelettes cancéreuses… Extirpé/éjecté. Ejecté du ventre, vers la boite, éjecté du hublot, le monde en off, la planète en négatif. Expulsé de la tante, du plat familial, extirpé de la rotonde, de la Simca 1000, extirpé du frigo américain avec la grosse poignée, la grosse mamie, les soldats de 14-18 en portraits géants cloués au mur. Extirpé d’Orly la mythique, expulsé de la tour de contrôle, la crise de nerf, extirpé de la viande de tata expulsé de la viande de mamie extirpé des couilles d’arrière-grand-père, un fusil dans la tranché, une balle pénible dans la trachée. Extirpé des pages du Marie-Claire des années 80, expulsés du carré béton, de la tour en parpaings extirpé du souffle de la ville, la soufflerie d’un proche qui expire, expulsé, extirpé d’un lit hosto de merde de sang de sueur et d’acariens, expulsé du hublot, extirpé du mythe des congés payés de la « sécurité » de la solidarité. Trahi puis extirpé, cloué sur un canapé, répétant en boucle « à qui me don un tickette restaurante pour acheter la mélasse »… Extirpé d’une maison, expulsé de l’appartement, indemnisé, requinqué par l’air frais, la vie sans toit, extirpé, coincé dans le tas d’Hommes RER, androïdes inexpressifs soudés les uns aux autres…
Andy Vérol  

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