Une nouvelle chronique sur mon livre "Seconde Chance" suivi de "Les Adieux à la peau"


Seconde Chance est disponible dans toutes les librairies de France en format papier sur commande. Vous avez aussi la possibilité de le commander directement pour l'obtenir avec une dédicace personnalisée de l'auteur. En faire la demande par e-mail (modalités et prix seront communiqués par ce biais). 

Nouvelle chronique sur ce livre sur le blog d'Emmanuel DELPORTE, Le Décapsuleur: http://ledecapsuleur.com/?p=2284 

Cette chronique complète:

Chroniquer Andy Verol/Leonel Houssam, c’est un combat, c’est une guerre. Comment chroniquer l’inchroniquable, commenter le non commentable, chercher à structurer l’apocalypse de mots réduits en poussière, en bouillie, piétinés, démembrés, décapités, puis recollés bout à bout en une nouvelle entité ? Il faudrait quoi, que je commente le récit, le style narratif, l’usage des figures de style, le champs lexical ? La profondeur des personnages ? Et après je fais quoi, je note sur 5, sur 10, sur 20 , en A/B/C/F ? Ridicule. Impossible. Un caricature de chronique n’a d’usage que pour une caricature de littérature. Là, il faut s’ouvrir les tripes, il faut chercher la plume dans la déraison, la sagesse par delà la folie, dégoupiller des flacons d’encre noire sur des corps diaphanes, lécher ces éclats jusqu’aux plus intimes replis, puis recracher le jus sur une page vierge. Pour chroniquer « Seconde chance », il faut faire une anti-chronique. Parce qu’Andy Verol fait ce que j’appellerais de l’anti-littérature.
J’explique.  Une oeuvre littéraire se compose de mots, agencés en phrases, imbriquées en paragraphes, eux-mêmes liés au sein de chapitres, et c’est cette composition, infinie dans ses possibilités, qui donne le rythme, la couleur, l’harmonie de l’ensemble. On peut écrire une histoire simple, avec des mots courts, en utilisant un vocabulaire frustre : le héros cherche sa belle et triomphe de l’obstacle. On peut pousser un peu, s’essayer à une trame plus complexe, avec une construction moins prévisible, varier la conjugaison, pervertir ses personnages, élargir le dictionnaire, et ça devient sympa, voire très sympa. Le « héros » cherche sa belle, comprend en cours de route que finalement il ne l’aime pas et qu’il s’en fout, qu’il préfère tout plaquer pour devenir reporter de guerre en Sierra Leone, mais au cours de ses tribulations, devient toxicomane et chope le VIH, et meure dans un dispensaire. Passons à l’étape suivante : Reléguer l’histoire – le récit – au second plan, ignorer tout bonnement la notion de « héros » et placer la psychologie du personnage au centre même du texte, comme si on foutait un trou noir au centre d’une galaxie… assister à sa décomposition, son anéantissement… L’anti-littérature telle que je l’entends n’est pas le processus de ne pas écrire. Elle est au contraire la quintessence de l’écriture, son élixir, ce que le cubisme, le surréalisme ou l’art abstrait sont à la peinture. C’est l’oubli des règles, l’affranchissement des contraintes. Contrairement aux idées reçues, il n’y a rien de plus casse-gueule. On ne joue pas avec l’anti-matière sans avoir appris à maîtriser la matière; Jean-luc Godard avait dit qu’on ne pouvait se passer des règles que lorsqu’on les avait comprises. Se détacher des structures, oublier la matière, transformer le soleil en trou noir n’est pas donné à tout le monde. C’est la somme du talent et du travail qui permet d’aboutir à ce résultat, et d’un nombre de signes tapés, d’heures passées à écrire totalement monstrueux.
L’anti-matière de l’anti-littérature traitée dans cette anti-chronique par mon décapsuleur de cervelles m’a fait sacrément cogiter. Déjà un bon point pour Andy/Leonel. Un bouquin, même brillant, peut être emmerdant au possible. Un bouquin, même intéressant, peut ne provoquer aucune émotion. Je le répète à chaque chronique, mais je me fous de savoir si un bouquin est un polar, un SF, un ceci-cela, pour moi un bouquin te remue ou pas. On peut discuter du degré de remuage, pourquoi pas, ça dépend de chacun, c’est subjectif. On peut ergoter sur la profondeur des personnages, la couleur de leurs yeux, la marque de leurs slips, on peut remettre en cause telle ou telle cohérence/incohérence mais il y a une chose fondamentale : c’est de l’écriture au mètre, du canigou pour le cerveau, ou alors c’est de l’explosif, une mine anti-personnelle collée à chaque page. Si je vous en parle, vous vous doutez que c’est parce que ça m’a secoué, que ça m’a donné envie d’écrire dessus. je peux pas écrire sur des trucs qui me gonflent, à moins qu’ils m’aient saoulé au point de m’énerver. « Seconde chance » est une déflagration. Je l’ai ouvert et je l’ai lu d’une traite, parce que je ne pouvais pas le lâcher, parce que le rythme imposé me commandait d’aller au bout, que c’était comme ça qu’il fallait le lire. C’était comme ça que la poésie noire et dure a éclos et m’a emmené jusqu’au soleil mort. De quoi ça parle ? Je pourrais dire que c’est une novella ou un micro-roman, que ça parle d’un type, modèle de réussite standard, Mercedes-femme-bébé-projet pro, qui pète un câble. Qu’il retourne dans son passé et fait une fixation sur un ancien pote devenu roi de la fête Parisienne, un pauvre type dégueu et vicelard, et qu’il utilise les réseaux sociaux et se crée une nouvelle identité pour le retrouver. Le récit, on s’en fout un peu, même s’il est brillant et pervers. Parce qu’il ne sert que de cadre, et que c’est l’explosion qui a lieu à l’intérieur de ce cadre qui vous prend aux tripes, ces diodes mises à nue, ces électrodes arrachées d’interfaces rouillées avec lesquelles on s’électrocute. Je pourrai faire des références à Bukowski, à Céline, mais ce serait faire de la chronique bateau, on s’en fout aussi. Au final, ce qui compte vraiment, c’est qu’il reste la force des mots, essentielle, implacable, face à laquelle on se retrouve à poil, touché au plus profond sans avoir vraiment compris comment. Ce serait comme d’allumer la lumière et voir le chat de Schrödinger te sauter à la gueule.
« Seconde chance » est suivi de « Les adieux à la peau », une nouvelle encore plus hardcore, encore moins diplomate, encore plus anti. La même, mais en pire. Et tant mieux.
L’anti-matière « Seconde chance » est éditée en numérique et papier (le numérique est offert pour la version papier, au fait) chez la Matière noire, un éditeur indépendant. Vous ne connaissez pas Andy Verol ? Je connaissais pas non plus. il est dans l’ombre, quelque part, il écrit, il regarde. Il a été punk apparemment, teufeur des premières heures, biographe de Bertrand Cantat. Il est devenu Leonel Houssam. Sans doute n’a-t-il pas la place qui devrait être la sienne, mais est-ce qu’il en a quelque chose à foutre ? J’en doute. Le monde dans lequel on vit, c’est celui où les stars se fabriquent comme des bagnoles, où les producteurs formatent des étoiles filantes, où la technique a tué l’émotion, le calcul a pris la place de l’instinct et de la spontanéité, où les vieux tuent les jeunes et où les robots seront les Dieux d’un monde anéanti. Dans ce monde là, Andy/Leonel a la même place que le Tyler Durden de « Fight club »  : indispensable. Parce qu’il nous rappelle à la vie.
De toute façon, on est au 21ème siècle, c’est l’apocalypse, c’est déjà la fin du monde, et en ce qui me concerne, je doute qu’on obtienne de seconde chance…

12€ (sur commande en librairie)
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