Des craquelures dans la face des enflures






13 août 2011: Il a fallu se rendre à l'évidence, je n'avais pas la maille pour régler la chambre. J'ai fui à bord de mon Alpine turbo pétaradante, défiant les lois du temps et de la hype. J'ai cru avoir oublié l'enfant dans une machine à laver, une machine à trier les enfants blancs d'un côté, les sales de l'autre, les en plâtre dans la benne à déchets non recyclables, les en uranium dans les familles enrichies, les en acier dans le camps de concentration industriel, région nord d'une Chine prise dans une purée d'air épais, acide, corrosif... En roulant sur la route 666 du code pénal, en roupillant au volant sous le cagnard, la supernova avec des yeux, une bouche, le dessin de l'enfant qu'il m'a remis, qu'il a composé avec feutres et crayons piqués dans une librairie campée dans la désert. Trimbaler des turpitudes. Putain j'écris de la merde. Je mange une saucisse. C'est important d'écrire qu'on mange une saucisse quand on écrit son diary diarrheux hein...


14 août 2011: des craquelures dans la face des enflures, ils prennent mitraillettes et ils mitraillent, ils tracassent le passant, ils ont peur, ils ont la haine, le braquemart en phase conquête, la glu glauque au bout du gland. Pas de femme, jamais, que des films en boucle sur le net. Le néant. Nous sommes entrés dans ce village à l'heure du beau crépuscule. Sur le panneau le nom du patelin était effacé à coups de bombe de peinture noire. Remplacé par: "Des coups de boule t'attendent ici". Sur le trottoir, un des géants jouait avec sa clope allumée entre les doigts en regardant mon Alpine avancer au pas. J'ai dit à l'enfant: tu vois, ici les gens sont des dépendeurs d'andouille. "Des quoi?" a-t-il demandé. Des dépendeurs d'andouille... des forces de la nature... Ils ne parlent pas beaucoup. "Comment tu les connais?" Je les ai connus en écrivant, en glissant dans les univers, en ouvrant des portes. Au début j'ai cru que je me faisais des films, comme toi l'enfant, quand tu griffonnes des monstres sur du papier de boucher, du papier toilette, du papier d'alu avec l'épingle à mamie... Mais non je n'hallucinais pas, j'avais les yeux bien ouverts, pas ceux du défoncé, ceux du bien réveillé, du en pleine forme qui savoure les vagues géantes derrière une baie vitrée. Ils étaient là. Au début, ils étaient furtifs, un peu passifs, campant sur les bordures des trottoirs avant de disparaître dans le bitume. Peu à peu, au fil des phrases, des grilles dont les verrous pétaient un à un, j'ai étreint les images qui m'entouraient et je les ai vus, de plus en plus, de mieux en mieux, comme un beat fin qui surgit d'une boucle de basses filtrées dans un track de teck hardcore... L'enfant ne semble pas tout piger. Il regarde le géant jouant encore avec sa clope entre ses doigts... la bouche grande ouverte de béatitude toute enfantine...

Léonel Houssam

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