Les IA artistiques ? - Chroniques des Parallèles 30

Léonel Houssam

➡️Au-delà de ma microscopique personne, il y a ce truc de la dédicace que l'on pratique lors d'événements, salons et autres choses publiques. Des personnes que l'on ne connaît pas s'arrêtent devant le stand et demandent un exemplaire dûment signé par son auteur. En qualité de lecteur, je n'ai jamais fait ça. Ça n'a jamais rendu un livre plus précieux s'il est signé de son auteur. Évidemment, j'en ai quelques-uns griffonnés à la maison mais généralement il s'agit de potes auteurs. Je comprends que pour beaucoup ce contact avec le responsable du livre qu'ils achètent est un moment important, l'occasion de voir, d'échanger. Je me plie volontiers à l'exercice sans toutefois me dire autre chose que : ce livre que je signe n'est plus le mien. Je suis généralement ailleurs, dans d'autres projets en cours... Et comme je n'ai absolument aucune forme de plaisir à être socialement écrivain, je vis ces moments le plus dégagé possible. Mon ego n'a pas besoin d'amour des lecteurs.
➡️Et puis au regard du nombre gigantesque "d'écrivains" sur les réseaux, je me dis qu'il faut autant que possible taire cette pratique au quotidien. Les plates-formes d'auto-édition, les micro-editeurs qui pullulent et les bloggueurs livresques qui commentent leurs lectures sont devenus le moyen pour chacun de s'inventer artiste, écrivain. Et de plus en plus usent des IA pour pondre des ouvrages stéréotypés, des sortes de sous-sous-genres littéraires que la honte n'étouffe pas.
➡️C'est un flot ininterrompu de scribouillards qui n'ont rien à dire et pire, qui ne lisent jamais ou presque, qui balancent leur colombin littéraire... Bref il y a autant "d'écrivains" que de lecteurs sinon plus.
➡️Cela fait 38 ans que j'écris et j'ai mis 20 ans pour accepter de livrer un premier manuscrit à un éditeur parce qu'il a fallu apprendre et à développer une écriture et surtout cracher sans filtre ce qui jaillissait. Y trouver de la profondeur. Trouver ma propre écriture. 20 ans à griffonner chaque jour. Mais ça, c'est terminé : maintenant on ose écrire sans style, on ose balancer des écrits stéréotypés, sans profondeur, souvent autocentrés et parfaitement indigestes. 


 

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