La politique expliquée aux enfants. Episode 1: l'honnêteté



Je vous raconte une histoire :
c’est un jeune collégien que j’appellerai Francesco – délégué élu de sa classe- qui, dans son école, a pris l’argent de poche de ses camarades de classe en leur disant que cela lui permettrait de mieux les défendre durant le conseil de classe. Drôle de promesse, et pourtant ceux qui ont voté pour lui étaient persuadés qu’il pourrait convaincre les professeurs de mettre des encouragements, des félicitations, d’éviter les avertissements ou permettre un passage en classe supérieure malgré des notes en-dessous de la moyenne…
Le délégué de classe s’est donc échiné à remplir sa mission, mais bien entendu, pas un seul professeur ne suivit ses recommandations au point de se demander si cet élève n’était pas un peu con. Pourtant, le premier, puis le second trimestre se déroulèrent sans que les démarches du délégué n’aboutissent.
Alors que le troisième trimestre était bien entamé, que l’ultime conseil de classe approchait, un des camarades – que j’appellerai Nico- qui avait constaté les « dons » d’étrennes de Noël de ses camarades à Francesco, se sentit lésé et enviait maladivement le délégué de classe . Pire, il avait pour ambition lui aussi de devenir le délégué de classe au début de l’année scolaire, mais Francesco, par des manœuvres, des promesses et surtout une posture d’élève fort, honnête et ferme, lui avait ravi la fonction…
Nico, très discrètement, fit savoir à un de ses amis de classe que leur argent n’avait pas été utilisé pour défendre leur cause mais bien pour le seul plaisir de Francesco. La nouvelle se répandit, la colère gronda et très vite l’arnaque parvint aux oreilles des professeurs qui convoquèrent le contrevenant. Dans une salle de classe, face au corps professoral, Francesco nia les faits, du moins affirma-t-il que ses intentions étaient vraiment de défendre ses camarades, que cet argent lui servait à constituer des dossiers de défense. Bien sûr personne ne le crût.
Mais il ne lâcha rien : « C’est un acharnement de la part de ceux qui n’ont pas voté pour moi et qui voudraient ma place. Ils salissent mon image et surtout, ce sont des grosses balances assoiffées de pouvoir. Bien sûr, je m’excuse pour ce que j’ai fait et je vous demanderais de considérer que je reconnais ma culpabilité et par conséquent, je demande votre pardon. Il est important de comprendre que nous approchons de la fin de l’année et que les conseils de classe sont l’occasion de défendre les intérêts des élèves mais aussi de toute ma classe ! Je suis le seul à ce jour à pouvoir être l’interface efficace entre l’équipe pédagogique et les apprenants ! Et je refuse d’accepter qu’on salisse mon image. Je suis honnête, la preuve, je vous avoue officiellement que j’ai été malhonnête. Alors, on passe l’éponge et on reprend là où on avait laissé les choses ? Je veux dire une dernière chose : ceux qui répandent la nouvelle, mes camarades qui disent du mal de moi, qui font savoir que j’ai été malhonnête involontairement de mon plein gré, ceux qui veulent m’éliminer, ceux qui refuseront mes simples excuses sont en fait de dangereux agitateurs qui veulent mettre à mal le collège… Si aujourd’hui, je suis écarté de mes fonctions de délégué de la classe, ce seront les racailles qui dépouillent les élèves à l’entrée de l’établissement qui prendront les commandes ! Pardonnez-moi et passons à autre chose »
Les yeux écarquillés, les professeurs se turent quelques secondes avant que le proviseur ne dise qu’une phrase courte et simple :
« Tu serais pas en train de te foutre de notre gueule Francesco ? Tu es viré !»
Happy end.

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